• Mihi corolla picta vere ponitur.
    CATULLE.

    Entre donc. Mes piliers sont fraîchement crépis,
    Et sous ma treille neuve où le soleil se glisse
    L'ombre est plus douce. L'air embaume la mélisse.
    Avril jonche la terre en fleur d'un frais tapis.

    Les saisons tour à tour me parent : blonds épis,
    Raisins mûrs, verte olive ou printanier calice ;
    Et...

  • Le Garumne a bâti sa rustique maison
    Sous un grand hêtre au tronc musculeux comme un torse
    Dont la sève d'un Dieu gonfle la blanche écorce.
    La forêt maternelle est tout son horizon.

    Car l'homme libre y trouve, au gré de la saison,
    Les faînes, le bois, l'ombre et les bêtes qu'il force
    Avec l'arc ou l'épieu, le filet ou l'amorce,
    Pour en manger la...

  • J'ai vu parfois, ayant tout l'azur pour émail,
    Les nuages d'argent et de pourpre et de cuivre,
    A l'Occident où l'oeil s'éblouit à les suivre,
    Peindre d'un grand blason le céleste vitrail.

    Pour cimier, pour supports, l'héraldique bétail,
    Licorne, léopard, alérion ou guivre,
    Monstres, géants captifs qu'un coup de vent délivre,
    Exhaussent leur...

  • Qu'il soit encourtiné de brocart ou de serge,
    Triste comme une tombe ou joyeux comme un nid,
    C'est là que l'homme naît, se repose et s'unit,
    Enfant, époux, vieillard, aïeule, femme ou vierge.

    Funèbre ou nuptial, que l'eau sainte l'asperge
    Sous le noir crucifix ou le rameau bénit,
    C'est là que tout commence et là que tout finit,
    De la première...

  • Certe, il était hanté d'un tragique tourment,
    Alors qu'à la Sixtine et loin de Rome en fêtes,
    Solitaire, il peignait Sibylles et Prophètes
    Et, sur le sombre mur, le dernier jugement.

    Il écoutait en lui pleurer obstinément,
    Titan que son désir enchaîne aux plus hauts faîtes,
    La Patrie et l'Amour, la Gloire et leurs défaites ;
    Il songeait que tout...

  • Les pins du bois natal que charmait ton haleine
    N'ont pas brûlé ta chair, ô malheureux ! Tes os
    Sont dissous, et ton sang s'écoule avec les eaux
    Que les monts de Phrygie épanchent vers la plaine.

    Le jaloux Citharède, orgueil du ciel hellène,
    De son plectre de fer a brisé tes roseaux
    Qui, domptant les lions, enseignaient les oiseaux ;
    Il ne reste plus...

  • Le four rougit ; la plaque est prête. Prends ta lampe.
    Modèle le paillon qui s'irise ardemment,
    Et fixe avec le feu dans le sombre pigment
    La poudre étincelante où ton pinceau se trempe.

    Dis, ceindras-tu de myrte ou de laurier la tempe
    Du penseur, du héros, du prince ou de l'amant ?
    Par quel Dieu feras-tu, sur un noir firmament,
    Cabrer l'hydre...

  • L'autel gît sous la ronce et l'herbe enseveli ;
    Et la source sans nom qui goutte à goutte tombe
    D'un son plaintif emplit la solitaire combe.
    C'est la Nymphe qui pleure un éternel oubli.

    L'inutile miroir que ne ride aucun pli
    A peine est effleuré par un vol de colombe
    Et la lune, parfois, qui du ciel noir surplombe,
    Seule, y reflète encore un...

  • Antonio di Sandro orefice.

    Le vaillant Maître Orfèvre, à l'oeuvre dès matines,
    Faisait, de ses pinceaux d'où s'égouttait l'émail,
    Sur la paix niellée ou sur l'or du fermail
    Épanouir la fleur des devises latines.

    Sur le Pont, au son clair des cloches argentines,
    La cape coudoyait le froc et le camail ;
    Et le soleil montant en un ciel de...

  • Fais sculpter sur ton arc, Imperator illustre,
    Des files de guerriers barbares, de vieux chefs
    Sous le joug, des tronçons d'armures et de nefs,
    Et la flotte captive et le rostre et l'aplustre.

    Quel que tu sois, issu d'Ancus ou né d'un rustre,
    Tes noms, famille, honneurs et titres, longs ou brefs,
    Grave-les dans la frise et dans les bas-reliefs
    ...