• Toi, pour qui les dieux du mystère
    Sont restés étrangers,
    J'ai vu ta mâne aux pieds légers,
    Descendre sous la terre,

    Comme en un songe où tu te vois
    A toi-même inconnue,
    Tu n'étais plus, - errante et nue, -
    Qu'une image sans voix ;

    Et la source, noire, où t'accueille
    Une fauve clarté ;
    Une étrange félicité,
    Un rosier qui s...

  • Cet huissier, qui jetait, l'été,
    Toute autre odeur que l'ambre,
    Avait le nom d'un pot de chambre
    Et la fétidité.

    L'autre, et noir, que, sous les lanternes,
    On vit à ses leçons
    Avarier les beaux garçons,
    Est charognard aux Ternes.

    Celui-là, qui fut président
    De ses jolis compères,
    A l'air de suer ses affaires
    Par son fanon...

  • Comme les dieux gavant leur panse,
    Les Prétendants aussi.
    Télémaque en est tout ranci :
    Il pense à la dépense.

    Neptune soupe à Djibouti,
    (Près de la mer salée).
    Pénélope s'est en allée.
    Tout le monde est parti.

    Un poète, que nuls n'écoutent,
    Chante Hélène et les Oeufs.
    Le chien du logis se fait vieux :
    Ces gens-là le dégoûtent...

  • D'une amitié passionnée
    Vous me parlez encor,
    Azur, aérien décor,
    Montagne Pyrénée,

    Où me trompa si tendrement
    Cette ardente ingénue
    Qui mentait, fût-ce toute nue,
    Sans rougir seulement.

    Au lieu que toi, sublime enceinte,
    Tu es couleur du temps :
    Neige en Mars ; roses du printemps...
    Août, sombre hyacinthe.

  • Toute allégresse a son défaut
    Et se brise elle-même.
    Si vous voulez que je vous aime ;
    Ne riez pas trop haut.

    C'est à voix basse qu'on enchante
    Sous la cendre d'hiver
    Ce coeur, pareil au feu couvert,
    Qui se consume et chante.

  • a. Les trois princes Pou, Lou et You,
    Ornement de la Chine,
    Voyagent. Deux vont à machine,
    Mais You, c'est en youyou.

    Il va voir l'Alboche au crin jaune
    Qui lui dit : " I love you. "
    - Elle est Française ! assure You.
    Mais non, royal béjaune.

    Si tu savais ce que c'est, You ;
    Qu'une Française, et tendre ;
    Douce à la main, douce à l'...

  • Dans Arles, où sont les Aliscams,
    Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
    Et clair le temps,

    Prends garde à la douceur des choses.
    Lorsque tu sens battre sans cause
    Ton coeur trop lourd ;

    Et que se taisent les colombes :
    Parle tout bas, si c'est d'amour,
    Au bord des tombes.

  • Le temps irrévocable a fui. L'heure s'achève.
    Mais toi, quand tu reviens, et traverses mon rêve,
    Tes bras sont plus frais que le jour qui se lève,
    Tes yeux plus clairs.

    A travers le passé ma mémoire t'embrasse.
    Te voici. Tu descends en courant la terrasse
    Odorante, et tes faibles pas s'embarrassent
    Parmi les fleurs.

    Par un après-midi de...

  • De tout ce gala de province
    Où l'on donnait Manon,
    Je ne revois plus rien sinon
    Ta forme étrange, et mince ;

    Et lorsqu'à ce duo troublant
    Tes yeux me firent signe,
    Frissonner le frimas d'un cygne
    Sur ton bel habit blanc ;

    Sinon ton frère sur le siège
    Du fiacre vingt-et-huit
    Où tu avais l'air, dans la nuit
    D'une image de neige...

  • Toi qu'empourprait l'âtre d'hiver
    Comme une rouge nue
    Où déjà te dessinait nue
    L'arôme de ta chair ;

    Ni vous, dont l'image ancienne
    Captive encor mon coeur,
    Ile voilée, ombres en fleurs,
    Nuit océanienne ;

    Non plus ton parfum, violier
    Sous la main qui t'arrose,
    Ne valent la brûlante rose
    Que midi fait plier.