C'est bien lui, ce visage au sourire inconnu,
Ce front noirci du hâle infernal de l'abîme,
Cet oeil où nage encor la vision sublime :
Le Dante incomparable et l'Homme méconnu.
Ton âme herculéenne, on s'en est souvenu,
Loin des fourbes jaloux du sort de leur victime,
Sur les monts éternels où tu touchas la cime
A dû trouver la paix, ô Poète ingénu...
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C'est l'heure solennelle et calme du silence,
L'Angélus a sonné notre prière à Dieu ;
Le coeur croyant sommeille en un repos immense,
Noyé dans les parfums languissants du Saint-Lieu.
C'est l'heure du pardon et de la pénitence,
C'est bien l'heure où l'on fait notre plus chaste aveu,
Où nos yeux ruisselants, pleurs de reconnaissance,
Retrouvent à la fin... -
Les heurs crèvent comme une bombe ;
A l'espoir notre jour qui tombe
Se mêle avec le confiant.
Pique aiguille ! assez piqué, piquant !
Les heurs crèvent comme une bombe.
Ici-bas tout geint, casse ou pleure ;
Rien de possible ne demeure
A ce qui demeurait avant.
Pique aiguille ! assez piqué, piquant !
Ici-bas tout geint, casse ou... -
La tristesse a jeté sur mon coeur ses longs voiles
Et les croassements de ses corbeaux latents ;
Et je rêve toujours au vaisseau des vingt ans,
Depuis qu'il a sombré dans la mer des Étoiles.
Oh ! quand pourrais-je encor comme des crucifix
Étreindre entre mes doigts les chères paix anciennes,
Dont je n'entends jamais les voix musiciennes
Monter... -
Loin des vitres ! clairs yeux dont je bois les liqueurs,
Et ne vous souillez pas à contempler les plèbes.
Des gels norvégiens métallisent les glèbes,
Que le froid des hivers nous réchauffe les coeurs !
Tels des guerriers pleurant les ruines de Thèbes,
Ma mie, ainsi toujours courtisons nos rancoeurs,
Et, dédaignant la vie aux chants sophistiqueurs,
... -
Pour la lutte qui s'ouvre au seuil des mauvais jours,
Ma mère m'a fait don d'un petit portrait d'elle,
Un gage auquel je suis resté depuis fidèle
Et qu'à mon cou suspend un cordon de velours.
" Sur l'autel de ton coeur, puisque la Mort m'appelle,
Enfant, m'a-t-elle dit, je veillerai toujours.
Que ceci chasse au loin les funestes amours,
Comme un lampion... -
Or voici que verdoie un hameau sur les côtes
Plein de houx, orgueilleux de ses misères hautes.
Des bergers s'étonnant contemplent dans la plaine,
Et mon cheval qui sue à la hauteur se traîne.
Pour y vivre l'Octobre et ses paix pastorales
Je vous apporte, ô Pan, mes lyres vespérales.
Les boeufs sont vite entrés. Ils meuglent dans l'étable,
Et... -
Quelqu'un pleure dans le silence
Morne des nuits d'avril ;
Quelqu'un pleure la somnolence
Longue de son exil ;
Quelqu'un pleure sa douleur
Et c'est mon coeur ! -
Quelquefois sur ma tête elle met ses mains pures,
Blanches, ainsi que des frissons blancs de guipures.
Elle me baise au front, me parle tendrement,
D'une voix au son d'or mélancoliquement.
Elle a les yeux couleur de ma vague chimère,
O toute poésie, ô toute extase, ô Mère !
A l'autel de ses pieds je l'honore en pleurant,
Je suis toujours... -
Remémore, mon coeur, devant l'onde qui fuit
De ce lac solennel, sous l'or de la vesprée,
Ce couple malheureux dont la barque éplorée
Y vint sombrer avec leur amour, une nuit.
Comme tout alentours se tourmente et sanglote !
Le vent verse les pleurs des astres aux roseaux,
Le lys s'y mire ainsi que l'azur plein d'oiseaux,
Comme pour y chercher une...