La pudeur n’a pas de clémence,
Nul aveu ne reste impuni,
Et c’est par le premier nenni
Que l’ère des douleurs commence.

De ta bouche où ton cœur s’élance
Que l’aveu reste donc banni !
Le cœur peut offrir l’infini
Dans la profondeur du silence....

 
Il est plus d’un silence, il est plus d’une nuit,
Car chaque solitude a son propre mystère :
Les bois ont donc aussi leur façon de se taire
Et d’être obscurs aux yeux que le rêve y conduit.

On sent dans leur silence errer l’âme du bruit,
Et dans leur nuit...

 
Silène boit. Sa tête est molle sur son cou ;
Dédaigneux d’un soutien, il s’incline et se cambre,
Tend sa coupe en tremblant, lui parle, y goûte l’ambre,
Et vante sa sagesse avec un œil de fou.

Il laisse au gré de l’âne osciller son enflure ;
L’essaim des...

 
Toute haleine s’évanouit,
La terre brûle et voudrait boire,
L’ombre est courte, immobile et noire,
Et la grande route éblouit.

Seules les abeilles vibrantes
Élèvent leurs bourdonnements
Qui semblent, enflés par moments,
Des sons de...

 
En ces temps où le corps éclôt pour s’avilir,
Où des races le sang fatigué dégénère,
Tu nous épargneras, Suzanne, enfant prospère,
De voir en toi la fleur du genre humain pâlir.

Deux artistes puissants sont jaloux d’embellir
En toi l’âme immortelle et l’...

 
Par moments je souhaite une esclave au beau corps,
Sans ouïe et sans voix, pour toute bien-aimée.
À son oreille close, aux rougeurs de camée,
Le feu de mon soupir dirait seul mes transports,

Et sa bouche, semblable aux coupes dont les bords
Distillent en...

 
Ne jamais la voir ni l’entendre,
Ne jamais tout haut la nommer,
Mais, fidèle, toujours l’attendre,
       Toujours l’aimer.

Ouvrir les bras et, las d’attendre,
Sur le néant les refermer,
Mais encor, toujours les lui tendre,
       Toujours l’...

 
J’aime les grottes où la torche
Ensanglante une épaisse nuit,
Où l’écho fait, de porche en porche,
Un grand soupir du moindre bruit.

Les stalactites à la voûte
Pendent en pleurs pétrifiés
Dont l’humidité, goutte à goutte,
Tombe lentement à mes...

 
Je n’entends que le bruit de la rive et de l’eau,
Le chagrin résigné d’une source qui pleure
Ou d’un rocher qui verse une larme par heure,
Et le vague frisson des feuilles de bouleau.

Je ne sens pas le fleuve entraîner le bateau,
Mais c’est le bord fleuri...

 
I

On ne songe à la Mort que dans son voisinage :
Au sépulcre éloquent d’un être qui m’est cher,
J’ai, pour m’en pénétrer, fait un pèlerinage,
Et je pèse aujourd’hui ma tristesse d’hier.

Je veux, à mon retour de cette sombre place
Où semblait m’...