• Sitôt qu'Aminte fut venue
    Nue,
    Devant le dey qui lui semblait
    Laid,

    Plus blanche qu'un bloc de Carrare
    Rare,
    Elle défit ses cheveux blonds,
    Longs.

    Alors, ô tête de l'eunuque,
    Nuque
    Du Bostangi, tu te courbas
    Bas.

    Le bassa, dont l'amour enflamme
    L'âme,
    À ses pieds laissa son mouchoir
    Choir,

    ...

  • " Le vent chasse loin des campagnes
    Le gland tombé des rameaux verts ;
    Chêne, il le bat sur les montagnes ;
    Esquif, il le bat sur les mers.
    Jeune homme, ainsi le sort nous presse.
    Ne joins pas, dans ta folle ivresse,
    Les maux du monde à tes malheurs ;
    Gardons, coupables et victimes,
    Nos remords pour nos propres crimes,
    Nos pleurs pour nos...

  • Que savons-nous ? qui donc connaît le fond des choses ?
    Le couchant rayonnait dans les nuages roses ;
    C'était la fin d'un jour d'orage, et l'occident
    Changeait l'ondée en flamme en son brasier ardent ;
    Près d'une ornière, au bord d'une flaque de pluie,
    Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie ;
    Grave, il songeait ; l'horreur contemplait la splendeur.
    (Oh...

  • Nous allions au verger cueillir des bigarreaux.
    Avec ses beaux bras blancs en marbre de Paros
    Elle montait dans l'arbre et courbait une branche ;
    Les feuilles frissonnaient au vent ; sa gorge blanche,
    O Virgile, ondoyait dans l'ombre et le soleil ;
    Ses petits doigts allaient chercher le fruit vermeil,
    Semblable au feu qu'on voit dans le buisson qui flambe....

  • I

    Viens, ô toi que j'adore,
    Ton pas est plus joyeux
    Que le vent des cieux ;
    Viens, les yeux de l'aurore
    Sont divins, mais tes yeux
    Me regardent mieux.

    Avril, c'est la jeunesse ;
    Viens, sortons, la maison,
    L'enclos, la prison,
    Le foyer, la sagesse,
    N'ont jamais eu raison
    Contre la saison.

    Pour peu que tu le...

  • - Qu'a donc l'ombre d'Allah ? disait l'humble derviche ;
    Son aumône est bien pauvre et son trésor bien riche !
    Sombre, immobile, avare, il rit d'un rire amer.
    A-t-il donc ébréché le sabre de son père ?
    Ou bien de ses soldats autour de son repaire
    Vu rugir l'orageuse mer ?

    - Qu'a-t-il donc le pacha, le vizir des armées ?
    Disaient les bombardiers, leurs...

  • Le frêle esquif sur la mer sombre
    Sombre ;
    La foudre perce d'un éclair
    L'air.

    C'est minuit. L'eau gémit, le tremble
    Tremble,
    Et tout bruit dans le manoir
    Noir ;

    Sur la tour inhospitalière
    Lierre,
    Dans les fossés du haut donjon,
    Jonc ;

    Dans les cours, dans les colossales
    Salles,
    Et dans les cloîtres du...

  • Quand les guignes furent mangées,
    Elle s'écria tout à coup :
    J'aimerais bien mieux des dragées.
    Est-il ennuyeux, ton Saint-Cloud !

    On a grand-soif ; au lieu de boire,
    On mange des cerises ; voi,
    C'est joli, j'ai la bouche noire
    Et j'ai les doigts bleus ; laisse-moi. -

    Elle disait cent autres choses,
    Et sa douce main me battait....

  • Il est temps que je me repose ;
    Je suis terrassé par le sort.
    Ne me parlez pas d'autre chose
    Que des ténèbres où l'on dort !

    Que veut-on que je recommence ?
    Je ne demande désormais
    A la création immense
    Qu'un peu de silence et de paix !

    Pourquoi m'appelez-vous encore ?
    J'ai fait ma tâche et mon devoir.
    Qui travaillait avant l'aurore...

  • Ô vous que votre âge défend,
    Riez ! tout vous caresse encore.
    Jouez ! chantez ! soyez l'enfant !
    Soyez la fleur ; soyez l'aurore !

    Quant au destin, n'y songez pas.
    Le ciel est noir, la vie est sombre.
    Hélas ! que fait l'homme ici-bas ?
    Un peu de bruit dans beaucoup d'ombre.

    Le sort est dur, nous le voyons.
    Enfant ! souvent l'oeil...