Laine blanche, crochet, roulés entre mes doigts,
Combien vous ai-je dit de secrets autrefois ?
Combien avez-vous vu de doux rêves éclore ?
Vous en souvenez-vous ?… Hélas ! j’en tremble encore.
Quand mon cœur palpitait d’espérance & d’orgueil,
Nous épiions un...
|
Il est un arbre fier, droit, austère & robuste,
Que n’aime pas l’oiseau, ni la fleur, ni l’arbuste,
Ni la vigne flexible aux rameaux caressants.
Floréal le dédaigne & brumaire l’oublie ;
Et jamais on ne voit que la tempête plie
Sa tête échevelée ou ses bras...
|
Chancelants & courbés sous le poids des années,
Par l’ouragan d’hiver plantes déracinées,
Ils sont vieux tous les deux. L’un près de l’autre assis
Ils écoutent au loin des chansons & des rondes,
Et regardent sauter des fraîches têtes blondes
Sur les grands...
|
Hélas ! hier encor sur mon front, sur ma lèvre,
Sont venus se poser la joie & le plaisir,
J’ai ri comme une folle… aujourd’hui j’ai la fièvre,
Car ma porte est fermée & j’en ai le loisir.
Ô pauvre humanité ! J’ai pitié de moi-même
Quand mon masque s’en va...
|
Vous qui me plaignez, ne me plaignez plus,
Vous qui m’enviez, n’ayez pas d’envie,
Mon destin est tel que je le voulus,
Et Dieu fit sans moi mon cœur & ma vie.
J’ai su découvrir la sérénité
Dans le triste fond des plus tristes choses,
Et me rapprocher de...
|
Il me semble parfois que ma plaie est guérie :
Et, souriant encor, je regarde au miroir
Revenir doucement mon enfance fleurie.
Je ne sais pas comment, mais je crois la revoir
Ce qu’elle était hier, toute rose & paisible,
Avec son ignorance, avec son fol espoir...
|
Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !
Rentrez, je ne suis plus l’heureuse jeune fille
Que vous avez connue en de plus anciens jours.
Je ne suis plus coquette, ô mes pauvres atours !
Laissez-moi ma cornette & ma robe de chambre,
Laissez-moi les porter...
|
Lors de ma dix-septième année,
Quand j’aimais & quand je rêvais,
Quand, par l’espérance entraînée,
J’allais, riant des jours mauvais ;
Quand l’amour, ce charmeur suprême,
Endormait le soupçon lui-même
Dans mon cœur craintif & jaloux ;
Quand je n’...
|
Ô les charmants nuages roses,
Les jolis prés verts tout mouillés !
Après les vilains mois moroses,
Les petits oiseaux réveillés
S’envolent aux champs dépouillés.
Tout là-haut ce n’est que bruits d’ailes,
Rendez-vous, murmures, chansons ;
Aux toits...
|
La vie est si souvent morne & décolorée,
À l’ennui l’heure lourde est tant de fois livrée
Que le corps s’engourdit,
Et que l’âme, fuyant les épreuves amères,
S’envole & vient...
|
|
|