• Quand ma nymphette jolie
    Tourne devers moi ses yeux,
    Hors de moi s'enfuit ma vie,
    De moi navré furieux.
    Si une fois ma cruelle
    Détourne ses yeux de moi,
    Blessé de rage nouvelle,
    Je meurs en plus dur émôi.
    Que ferais-je donc pour vivre ?
    Quel jus reboirai-je, hélas ?
    Faudrait-il point que délivre
    Je me visse de ses lacs ?
    Ce...

  • La jeune Lisette,
    Sur le bord d'un ruisseau,
    Jouoit de sa musette
    En gardant son troupeau.
    Le Berger Tyrcis, qui l'ayme
    Plus que soy-mesme,
    Luy faisoit, tout trancy,
    Les pleintes que voicy

    Jeune Pastourelle,
    Ton oeil est plein d'appas,
    Mais ton humeur cruelle
    Ne luy ressemble pas.
    Est-ce que ton coeur ignore
    Que je t'...

  • C'estoit assés de vos yeux pleins de charmes
    Pour vaincre ma raison ;
    Mais vous chantez encor ! ô quelle trahison !
    Doit-on blesser ceux qui rendent les armes ?
    Je voy bien que ma mort est tout vostre desir ;
    He bien ! je meurs ; mais je meurs de plaisir.

    Vous eussiez eu d'une mort plus cruelle
    L'esprit plus satisfait ;
    Mais pouviez-vous chanter et...

  • Philis me traitte avec rigueur ;
    Mon coeur, jour et nuit, en soûpire.
    Ne vous affligez pas, mon coeur :
    Ce n'est pas un trop grand malheur ;
    Il ne faut que luy dire.

    Bien souvent, ce qui nous fait peur,
    Un moment apres nous fait rire ;
    Phillis pourra changer d'humeur :
    C'est alors qu'il faudra, mon coeur,
    Tout faire et ne rien dire.

  • Beauté, seringue à brazier,
    Coeur d'acier
    Tu m'as mis le flanc
    A feu et à sang.
    Helas ! l'amour m'a pris
    Comme le chat fait la souris.

  • Vous m'avez demandé pour qui mon coeur soûpire ;
    Je n'en seray pas mieux quand je vous le diray ;
    C'est à vous seulement que je crains de le dire :
    Jugez, Philis, pour qui mon coeur a soûpiré.

    Je languis, je me plains, je pleure, je soûpire,
    Et tout cela, Philis, depuis que je vous voy ;
    Helas ! vous sçavez bien ce que cela veut dire
    Et ce que j'ay...

  • Hé bien ! je consens de mourir.
    Aussi bien l'espoir de guerir
    Me flateroit en vain des douceurs de la vie.
    Je n'ay plus qu'un moment à desplaire à vos yeux ;
    Vous allez voir, belle Silvie,
    Quand je ne seray plus, si vous en serez mieux.

  • Helas ! elle s'en va : je ne la verray plus ;
    A ma juste douleur il faut bien que je cede.
    Que les regrets sont superflus
    Dans les maux dont la mort est l'unique remede !
    Apres un tel mal-heur
    Si j'aymois encore la vie,
    Que diroit mon amour ? que diroit ma douleur ?
    Et que diroit Silvie ?

    Ses yeux, doux et flateurs et jamais courroucez,
    Me...

  • Ma raison me l'a dit aussi bien que mes yeux,
    Que vous estiez toute charmante et belle ;
    Mais elle eust fait bien mieux
    De m'advertir que vous estiez cruelle.

  • Philis, vous vous plaignez que je n'ay point d'esprit
    A vous parler de mon martyre.
    Helas ! ignorez-vous qu'un mal que l'on peut dire
    N'est jamais si grand que l'on dit ?

    Un Amant dit assez quand il est interdit,
    Quand il languit, quand il souspire ;
    Mais aprenez, Philis, qu'un mal que l'on peut dire
    N'est jamais si grand que l'on dit.