• Feux déliens, ainsi qu'il, vous plaira,
    Faites flamber vos lampes allumées,
    Guidez les jours et les nuits assommées
    De coi sommeil, comme il vous semblera !

    Deux feux astrés ma maîtresse Flore a,
    Par qui les nuits me sont ores semées,
    Ores les jours, planètes estimées
    Du dieu Amour, lequel me les montra.

    Quand je les vois, ma journée...

  • Voyant ces monts de veue ainsi lointaine
    Je les compare à mon long desplaisir.
    Haut est leur chef, et hault est mon desir,
    Leur pied est ferme et ma foy est certaine.

    D'eux mainct ruisseau coule et mainte fontaine,
    De mes deux yeulx sortent pleurs à loisir ;
    De forts souspirs ne me puis dessaisir,
    Et de grands vents leur cime est toute plaine....

  • Ainsi que tous les corps que la nature anime,
    Et forme inanimez en ce clos rondissant
    Ont leur cause, leur centre, et vont resortissant
    Au centre, qu'elle enferme au creux de son abysme,

    Ainsi que tous les poincts qu'en sa masse sublime
    Contient la pyramide és nues se haussant,
    Se ramenent ensamble, et se vont unissant
    Au joint indivisible eslevé...

  • Faire des vers, des vers gamins,
    Et rire, et rire, et rire encore,
    Et, comme un pierrot qui picore,
    Cueillir leurs parfums aux jasmins ;

    Forger des vers comme des armes,
    Pointus, effilés, sans merci,
    Ou, pour expier son souci,
    Égrener des ave de larmes,

    C'est bon supérieurement
    Et tout le reste est journalisme ;
    La strophe d'or...

  • Ainsi, ce chemin de nuage,
    Vous ne le prendrez point,
    D'où j'ai vu me sourire au loin
    Votre brillant mirage ?

    Le soir d'or sur les étangs bleus
    D'une étrange savane,
    Où pleut la fleur de frangipane,
    N'éblouira vos yeux ;

    Ni les feux de la luciole
    Dans cette épaisse nuit
    Que tout à coup perce l'ennui
    D'un tigre qui miaule.

  • Tout ainsi que ces pommes
    De pourpre et d'or
    Qui mûrissent aux bords
    Où fut Sodome ;

    Comme ces fruits encore
    Que Tantalus,
    Dans les sombres palus,
    Crache, et dévore ;

    Mon coeur, si doux à prendre
    Entre tes mains,
    Ouvre-le, ce n'est rien.
    Qu'un peu de cendre.

  • Oui, mais ainsi qu'on voit en la guerre civile
    Les débats des plus grands, du faible et du vainqueur
    De leur douteux combat laisser tout le malheur
    Au corps mort du pays, aux cendres d'une ville,

    Je suis le champ sanglant où la fureur hostile
    Vomit le meurtre rouge, et la scythique horreur
    Qui saccage le sang, richesse de mon coeur,
    Et en se...

  • Si vous voyiez mon coeur ainsi que mon visage,
    Vous le verriez sanglant, transpercé mille fois,
    Tout brûlé, crevassé, vous seriez sans ma voix
    Forcée à me pleurer, et briser votre rage.

    Si ces maux n'apaisaient encor votre courage
    Vous feriez, ma Diane, ainsi comme nos rois,
    Voyant votre portrait souffrir les mêmes lois
    Que fait votre sujet qui...

  • Des yeux auxquels ainsi, qu'en un Trophée
    L'arc, et les traits d'Amour sont amassés :
    Des cheveux d'or, crêpés, et enlacés
    D'une coiffure en fin or étoffée

    Et de la main, qui rendait échauffée
    La volonté des fiers coeurs englacés :
    Et des doux mots doucement prononcés,
    Fut dessus moi victoire triomphée.

    Ô de beauté céleste simulacre...