Ô, entre tes beautez, que ta constance est belle !
C'est ce coeur asseuré, ce courage constant,
C'est, parmy tes vertus, ce que l'on prise tant :
Aussi qu'est il plus beau qu'une amitié fidelle ?
Or, ne charge donc rien de ta soeur infidele,
De Vesere, ta soeur : elle va s'escartant,
Tousjours flotant mal seure en son cours inconstant :
Voy tu comme...
-
-
N'ayez plus, mes amis, n'ayez plus ceste envie
Que je cesse d'aimer ; laissés moi, obstiné,
Vivre et mourir ainsi, puisqu'il est ordonné :
Mon amour, c'est le fil auquel se tient ma vie.
Ainsi me dict la fee ; ainsi en Aeagrie,
Elle feit Meleagre à l'amour destiné,
Et alluma la souche à l'heure qu'il fust né,
Et dict : " Toy et ce feu, tenez vous... -
C'est faict, mon coeur, quitons la liberté.
Dequoy meshuy serviroit la deffence,
Que d'agrandir et la peine et l'offence ?
Plus ne suis fort, ainsi que j'ay esté.
La raison fust un temps de mon costé,
Or, revoltée, elle veut que je pense
Qu'il faut servir, et prendre en recompence
Qu'oncq d'un tel neud nul ne feust arresté.
S'il se faut... -
Reproche moy maintenant, je le veux,
Si oncq de toy j'ay eu faveur aucune,
Traistre, legere, inconstance fortune.
Reproche moi hardiment, si tu peux.
Depuis le jour qu'en mal'heure mes yeux
Voyent du ciel la lumiere importune,
Je suis le but, la descharge commune
De tous les coups de ton bras furieux.
Bien tost j'auray, desjà l'heure s'... -
Ô qui a jamais veu une barquette telle,
Que celle où ma maistresse est conduitte sur l'eau ?
L'eau tremble, et s'esforçant sous se riche vaisseau,
Semble s'enorgueillir d'une charge si belle.
On diroit que la nuict à grands troupes appelle
Les estoiles, pour voir celle, dans le batteau,
Qui est de nostre temps un miracle nouveau,
Et que droit sur... -
C'estoit alors, quand, les chaleurs passees,
Le sale Automne aux cuves va foulant
Le raisin gras dessoubz le pied coulant,
Que mes douleurs furent encommencees.
Le paisan bat ses gerbes amassees,
Et aux caveaux ses bouillans muis roulant,
Et des fruictiers son automne croulant,
Se vange lors des peines advancées.
Seroit ce point un... -
L'un chante les amours de la trop belle Hélène,
L'un veut le nom d'Hector par le monde semer,
Et l'autre par les flots de la nouvelle mer
Conduit Jason gaigner les trésors de la laine.
Moy je chante le mal qui à mon gré me meine :
Car je veus, si je puis, par mes carmes charmer
Un tourment, un soucy, une rage d'aimer,
Et un espoir musard, le... -
Ô coeur léger, ô courage mal seur,
Penses tu plus que souffrir je te puisse ?
Ô bonté creuze, ô couverte malice,
Traitre beauté, venimeuse doulceur !
Tu estois donc tousjours seur de ta soeur ?
Et moy, trop simple, il falloit que j'en fisse
L'essay sur moy, et que tard j'entendisse
Ton parler double et tes chantz de chasseur ?
Despuis le... -
Tu m'as rendu la veuë, Amour, je le confesse.
De grace que c'estoit à peine je sçavoy,
Et or toute la grace en un monceau je voy,
De toutes parts luisant en ma grande maistresse.
Or de voir et revoir ce thresor je ne cesse,
Comme un masson qui a quelque riche paroy
Creusé d'un pic heureux qui recele soubs soy
Des avares ayeux la secrette richesse.... -
Helas ! combien de jours, helas ! combien de nuicts
J'ay vescu loing du lieu, où mon cueur fait demeure !
C'est le vingtiesme jour que sans jour je demeure,
Mais en vingt jours j'ay eu tout un siecle d'ennuis.
Je n'en veux mal qu'à moy, malheureux que je suis,
Si je souspire en vain, si maintenant j'en pleure ;
C'est que, mal advisé, je laissay, en mal'heure...