Alcippe, reviens dans nos bois.
Tu n'as que trop suivi les rois,
Et l'infidèle espoir dont tu fais ton idole.
Quelque bonheur qui seconde tes voeux,
Ils n'arrêteront pas le temps qui toujours vole
Et qui d'un triste blanc va peindre tes cheveux.
La Cour méprise ton encens.
Ton rival monte, et tu descends,
Et dans le cabinet le favori te joue...
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Cloris, que dans mon temps j'ai si longtemps servie
Et que ma passion montre à tout l'univers,
Ne veux-tu pas changer le destin de ma vie
Et donner de beaux jours à mes derniers hivers ?
N'oppose plus ton deuil au bonheur où j'aspire.
Ton visage est-il fait pour demeurer voilé ?
Sors de ta nuit funèbre, et permets que j'admire
Les divines clartés... -
Ton Mary paroist plus vieux
Que les murailles de Rome ;
Et tu dis qu'il te sert mieux
Que ne feroit un jeune homme.
Lisette, je n'en croy rien.
Seme ailleurs tes artifices :
Tu mens pour m'oster le bien
Que tu dois à mes services.
L'Avant-couriere du jour
Dit que Titon fait l'Amour
D'une façon trop austere.
Et les... -
Cache ton corps soubs un habit funeste ;
Ton lict, Margot, a perdu ses chalans,
Et tu n'es plus qu'un miserable reste
Du premier siecle, et des premiers Galans.
Il est certain que tu vins sur la terre
Avant que Rome eût détroné ses Rois
Et que tes yeux virent naistre la guerre
Qui mit les Grecs dans un cheval de bois.
La Mort hardie, et... -
Que j'aime ces forêts ! que j'y vis doucement !
Qu'en un siècle troublé j'y dors en assurance !
Qu'au déclin de mes ans j'y rêve heureusement !
Et que j'y fais des vers qui plairont à la France !
Depuis que le village est toutes mes amours,
Je remplis mon papier de tant de belles choses,
Qu'on verra les savants après mes derniers jours,
Honorer... -
Quand doi-je quitter les rochers
Du petit Desert qui me cache,
Pour aller revoir les clochers
De Saint Pol, et de Saint Eustache ?
Paris est sans comparaison ;
Il n'est plaisir dont il n'abonde ;
Chacun y trouve sa maison.
C'est le païs de tout le monde.
Apollon, faut-il que Maynard
Avec les secrets de ton art
Meure en une... -
Il n'est homme en l'Univers
Qui ne me couvre de blâme,
S'il estime que mes Vers
Soyent l'image de mon Ame.
Ils appellent le blanc, blanc.
Leur langage net et franc
Fait la figue à la contrainte.
Je l'advoüe. Il est certain,
Ma plume est une putain,
Mais ma vie est une sainte. -
Il est vray. Je le sçay. Mes Vers sont mesprisez.
Leur cadence a choqué les Galans et les Belles,
Graces à la bonté des Orateurs frisez,
Dont le faux sentiment regne dans les Ruelles.
Ils s'efforcent en vain de ravaler mon prix ;
Et malgré leur malice, aussi foible que noire,
Mon Livre sera leu de tous les beaux Esprits ;
Et, plus il vieillira,... -
Mon âme, il faut partir. Ma vigueur est passée,
Mon dernier jour est dessus l'horizon.
Tu crains ta liberté. Quoi ! n'es-tu pas lassée
D'avoir souffert soixante ans de prison ?
Tes désordres sont grands ; tes vertus sont petites ;
Parmi tes maux on trouve peu de bien ;
Mais si le bon Jésus te donne ses mérites,
Espère tout et n'appréhende rien.
...