Nature de rêveur, tempérament d’artiste,
Il est resté toujours triste, horriblement triste.
Sans savoir ce qu’il veut, sans savoir ce qu’il a,
Il pleure ; pour un rien, pour ceci, pour cela.
Aujourd’hui c’est le temps, demain c’est une mouche,
Un rossignol qui fausse, un papillon qui louche…
Son corps est un roseau, son âme est une fleur,
Mais...
-
-
Je ne vous aime pas, ô blonde Célimène,
Et si vous l’avez cru quelque temps, apprenez
Que nous ne sommes point de ces gens que l’on mène
Avec une lisière et par le bout du nez ;
Je ne vous aime pas… depuis une semaine,
Et je ne sais pourquoi vous vous en étonnez.Je ne vous aime pas ; vous êtes trop coquette,
Et vos moindres faveurs sont de... -
Croyez-moi, mignonne, avec l’amourette
Que nous gaspillons à deux, chaque jour
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette),
On pourrait encore faire un peu d’amour.
On fait de l’amour avec l’amourette.Qui sait ? connaissons un peu mieux nos cœurs.
Qui sait ? cherchons bien…pardon, je m’arrête ;
Vous avez la bouche et l’œil trop moqueurs... -
Lorsque je vivais loin de vous,
Toujours triste, toujours en larmes,
Pour mon cœur malade et jaloux
Le sommeil seul avait des charmes.
Maintenant que tu m’appartiens
Et que mon cœur a sa pâture,
– Il ne m’est plus qu’une torture,
Le sommeil cher aux jours anciens.Lorsque je dormais loin de vous,
Dans un rêve toujours le même,... -
Enfants d’un jour, ô nouveau-nés,
Petites bouches, petits nez,
Petites lèvres demi-closes,
Membres tremblants,
Si frais, si blancs,
Si roses !Enfants d’un jour, ô nouveaux-nés,
Pour le bonheur que vous donnez,
À vous voir dormir dans vos langes,
Espoir des nids
Soyez bénis,
Chers anges !Pour vos grands yeux...
-
IMoitié chevreau, moitié satin,
Quand elles courent par la chambre,
Clic ! clac !
Il faut voir de quel air mutin
Leur fine semelle se cambre.
Clic ! Clac !Sous de minces boucles d’argent,
Toujours trottant, jamais oisives,
Clic ! clac !
Elles ont l’air intelligent
De deux petites souris vives.
Clic ! clac !... -
IVous souvient-il un peu de ce que vous disiez,
Mignonne, au temps des cerisiers ?Ce qui tombait du bout de votre lèvre rose,
Ce que vous chantiez, ô mon doux bengali,
Vous l’avez oublié, c’était si peu de chose,
Et pourtant, c’était bien joli…
Mais moi je me souviens (et n’en soyez pas surprise),
Je me souviens pour vous de ce que... -
IDans son petit lit, sous le rayon pâle
D’un cierge qui tremble et qui va mourir,
L’enfant râle.
Quel est le bourreau qui le fait souffrir ?Quel boucher sinistre a pris à la gorge
Ce pauvre agnelet que rien ne défend ?
Qui l’égorge ?
Qui sait égorger un petit enfant ?Sombre nuit ! La chambre est froide. On frissonne.
... -
A l’heure d’amour, l’autre soir,
La Mort près de moi vint s’asseoir ;
S’asseoir, près de moi, sur ma couche.En silence, elle s’accouda.
Sur mes yeux clos elle darda
Son grand œil noir, lascif et louche ;Puis, comme l’amante à l’amant,
Elle mit amoureusement
Sa bouche sur ma bouche !« Viens, dit le spectre en m’enlaçant,...
-
Je n’ai plus ni foi ni croyance !
Il n’est pas de fruit défendu
Que ma dent n’ait un peu mordu
Sur le vieil arbre de science :
Je n’ai plus ni foi ni croyance.Mon cœur est vieux ; il a mûri
Dans la pensée et dans l’étude ;
Il n’est pas de vieille habitude
Dont je ne l’aie enfin guéri.
Mon cœur est vieux, il a mûri.Les...