• Quelle estrange chaleur nous vient icy brusler ?
    Sommes-nous transportez sous la zone torride,
    Ou quelque autre imprudent a-t-il lasché la bride
    Aux lumineux chevaux qu'on voit estinceler ?

    La terre, en ce climat, contrainte à pantheler,
    Sous l'ardeur des rayons s'entre-fend et se ride ;
    Et tout le champ romain n'est plus qu'un sable aride
    D'où nulle...

  • (Extraits)

    Pendant que mon auguste reine
    Résiste aux outrages du sort,
    Muse, pour un dernier effort,
    Chantons sa gloire dans sa peine.
    Employons aujourd'hui, mais d'un air de grandeur,
    Un noble et saint reste d'ardeur
    Qui nous purge d'ingratitude
    Et comme fait ce bois où je fais mon étude,
    Accordons l'ombre et la splendeur.
    ...

  • Voycy les seuls côtaux, voycy les seuls valons
    Où Bacchus et Pomone ont estably leur gloire ;
    Jamais le riche honneur de ce beau territoire
    Ne ressentit l'effort des rudes aquilons.

    Les figues, les muscas, les pesches, les melons
    Y couronnent ce dieu qui se delecte à boire
    Et les nobles palmiers, sacrez à la victoire,
    S'y courbent sous des fruits...

  • Le jour que je naquis on vit pleuvoir du sel ;
    Le soleil, en faisant son tour universel,
    De la soif qu'il souffrit but quasi toute l'onde,
    Et pensa d'un seul trait avaler tout le monde.
    De là sont provenus tant d'abîmes sans eaux,
    De là sont dérivés tant de rouges museaux,
    Qui d'un gosier ardent, que rien ne désaltère,
    S'occupent sans relâche au...

  • (Extraits)

    Sur le luth éclatant de la noble Uranie,
    Que me vient d'apporter mon fidèle génie,
    Et joignant aux accords qui naissent de mes doigts
    Les saints et graves tons de ma nombreuse voix,
    Je chante hautement la première aventure
    D'un héros dont la gloire étonna la nature ;
    Je décris les hasards qu'il courut au berceau ;
    Je dis comment...

  • Accablé de paresse et de mélancolie,
    Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
    Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
    Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.

    Là, sans me soucier des guerres d'Italie,
    Du comte Palatin, ni de sa royauté,
    Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
    Où mon âme en langueur est comme ensevelie.

    Je trouve ce...

  • Vos attraits n'ont plus rien que l'épée et la cape ;
    Votre esprit est plus plat qu'un pied de pèlerin ;
    Vous pleurez plus d'onguent que n'en fait Tabarin,
    Et qui voit votre nez le prend pour une grappe.

    Vous avez le museau d'un vieux limier qui lape,
    L'oeil d'un cochon rôti, le poil d'un loup marin,
    La chair d'un aloyau lardé de romarin,
    Et l'...

  • Que de ton beau jardin les merveilles j'admire !
    Que tout ce qu'on y voit, que tout ce qu'on y sent
    A d'aimables rapports avec le doux accent
    De ce divin oiseau qui chante et qui soupire !

    Qu'après ces rares sons dont triomphe ta lyre,
    Mon oreille se plait au tonnerre innocent
    Que l'on oit dans ta voûte où ravi l'on descend
    Pour monter en un lieu que...

  • Voici le rendez-vous des Enfants sans souci,
    Que pour me divertir quelquefois je fréquente.
    Le maître a bien raison de se nommer La Plante
    Car il gagne son bien par une plante aussi.

    Vous y voyez Bilot, pâle morne et transi,
    Vomir par les naseaux une vapeur errante ;
    Vous y voyez Sallard chatouiller la servante
    Qui rit du bout du nez en portrait...

  • .Jeune déesse au teint vermeil,
    Que l'Orient révère,
    Aurore, fille du Soleil,
    Qui nais devant ton père,
    Viens soudain me rendre le jour,
    Pour voir l'objet de mon amour.

    Certes, la nuit a trop duré ;
    Déjà les coqs t'appellent :
    Remonte sur ton char doré,
    Que les Heures attellent,
    Et viens montrer à tous les yeux
    De quel émail tu peins...