• (extrait)

    O ! que j'aime la solitude !
    Que ces lieux sacrés à la nuit,
    Eloignés du monde et du bruit,
    Plaisent à mon inquiétude !
    Mon Dieu! Que mes yeux sont contents
    De voir ces bois qui se trouvèrent
    A la nativité du temps,
    Et que tous les Siècles révèrent,
    Etre encore aussi beaux et verts,
    Qu'aux premiers jours de l'Univers !...

  • ... J'ai vu ses beaux cheveux blonds, charme des regards,
    Sous l'ivoire d'un peigne alentour d'elle épars,
    Représenter au vrai le Pactole en sa source,
    Qui d'un haut marbre blanc faisant naître sa course,
    Tombe à gros bouillons d'or, et loin de soi s'enfuit,
    Excepté qu'en leur chute ils ne font point de bruit.
    C'est ainsi qu'au matin l'Aurore échevelée...

  • (extrait)

    Bacchus ! qui vois notre débauche,
    Par ton saint portrait que j'ébauche
    En m'enluminant le museau
    De ce trait que je bois sans eau ;
    Par ta couronne de lierre,
    Par la splendeur de ce grand verre,
    Par ton thyrse tant redouté,
    Par ton éternelle santé,
    Par l'honneur de tes belles fêtes,
    Par tes innombrables conquêtes,
    Par les...

  • Coucher trois dans un drap, sans feu ni sans chandelle,
    Au profond de l'hiver, dans la salle aux fagots,
    Où les chats, ruminant le langage des Goths,
    Nous éclairent sans cesse en roulant la prunelle ;

    Hausser notre chevet avec une escabelle,
    Etre deux ans à jeun comme les escargots,
    Rêver en grimaçant ainsi que les magots
    Qui, bâillant au soleil, se...

  • Là, de pieds et de mains, les hommes noirs de crimes
    Des arbres les plus hauts gagnaient les vertes cimes ;
    L'effroi désespéré redoublait leurs efforts,
    Et l'on voyait pâtir leurs membres et leurs corps.
    Ici, l'un au milieu de sa vaine entreprise,
    Pour son peu de vigueur contraint à lâcher prise,
    Blême, regarde en bas, hurle, ou semble en effet
    Hurler, tout...

  • Je viens de recevoir une belle missive
    De la nymphe qui prit mon âme au trébuchet,
    Et qui, scellant mon coeur de son divin cachet,
    Y voulut imprimer son image lascive.

    Il me fâche déjà que cette heure n'arrive
    Où je dois embrasser sa taille de brochet,
    Et jamais vérolé, tapi dessous l'archet,
    En suant ne trouva l'horloge si tardive.

    ...

  • Phylis, je ne suis plus des rimeurs de ce siècle
    Qui font pour un sonnet dix jours de cul de plomb
    Et qui sont obligés d'en venir aux noms propres
    Quand il leur faut rimer ou sur coiffe ou sur poil.

    Je n'affecte jamais rime riche ni pauvre
    De peur d'être contraint de suer comme un porc,
    Et hais plus que la mort ceux dont l'âme est si faible
    Que d'...

  • Dans l'horreur d'un bois solitaire
    Où malgré l'oeil du jour règne en tout temps la nuit,
    Tirsis, loin du monde qu'il fuit,
    Ne pouvant plus se taire,
    Chantait en pleurs le doux et triste sort
    Qui le livre à la mort.

    C'est donc une chose arrêtée
    (Disait ce pauvre amant, plein d'ardeur et de foi)
    Que je souffre à jamais pour toi,
    Cruelle...

  • Ici la même symétrie
    A mis toute son industrie
    Pour faire en ce bois écarté
    Le Palais de la Volupté.
    Jamais le vague Dieu de l'Onde,
    Ni celui des clartés du monde
    N'entreprirent rien de plus beau
    Quand, sans trident et sans flambeau,
    D'une volonté mutuelle
    Ils mirent en main la truelle
    Et sous des habits de maçons,
    Employèrent en...

  • Plaisirs d'un noble ami qui sait chérir ma veine,
    Mélanges gracieux de prés et de guérets,
    Rustique amphithéâtre où de sombres forêts
    S'élèvent chef sur chef pour voir couler la Seine.

    Délices de la vue, aimable et riche plaine !
    On s'en va mettre à bas les trésors de Cérès,
    Que l'on voit ondoyer comme un vaste marets
    Quand il est agité d'une...