Assies toy sur le bort d'une ondante riviere
Tu la verras fluer d'un perpetuel cours,
Et flots sur flots roulant en mille et mille tours
Descharger par les prèz son humide carriere.
Mais tu ne verras rien de ceste onde premiere
Qui n'aguiere couloit, l'eau change tous les jours,
Tous les jours elle passe, et la nommons tousjours
Mesme fleuve, et...
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Tantost la crampe aus piés, tantost la goute aus mains,
Le muscle, le tendon, et le nerf te travaille ;
Tantost un pleuresis te livre la bataille,
Et la fievre te poingt de ses trais inhumains ;
Tantost l'aspre gravelle espaissie en tes reins
Te pince les boyaus de trenchante tenaille :
Tantost une apostume aus deux poumons t'assaille,
Et l'esbat... -
L'enfance incontinent meurt devant la jeunesse,
L'adolescence fait la jeunesse mourir,
La virilité fait au monument* courir
L'âge d'adolescence où l'amour nous oppresse,
La virilité cède à la morne vieillesse,
La mort fait le surgeon de vieillesse tarir,
Le jour du lendemain le jourd'hui fait périr,
Tant la fuite du temps et la suite se presse.... -
À beaucoup de danger est sujette la fleur,
Ou l'on la foule aux pieds ou les vents la ternissent,
Les rayons du soleil la brûlent et rôtissent,
La bête la dévore, et s'effeuille en verdeur :
Nos jours entremêlés de regret et de pleur
À la fleur comparés comme la fleur fleurissent,
Tombent comme la fleur, comme la fleur périssent,
Autant comme du... -
Si tu meurs en jeunesse, autant as tu gousté
D'amour, et de douceur durant ce peu d'espace,
Que si de deus cens ans tu par-faisois la trace,
Nul plaisir est nouveau sous le ciel revouté :
Pour boire plusieurs fois le ventre degousté
N'en est de rien plus soul, la corruptible masse
De ce cors que tu traine, est semblable à la tasse
Qui ne retient... -
Qu'est-ce de votre vie ? une bouteille molle
Qui s'enfle dessus l'eau, quand le ciel fait pleuvoir
Et se perd aussitôt comme elle se fait voir,
S'entre-brisant à l'heurt d'une moindre bricole :
Qu'est-ce de votre vie ? un mensonge frivole
Qui sous ombre du vrai nous vient à décevoir,
Un songe qui n'a plus ni force, ni pouvoir,
Lors que l'?il au... -
Conte les ans, les mois, les heures et les jours
Et les points de ta vie, et me dis, malhabile,
Où ils s'en sont allés : comme l'ombre fragile
Ils se sont écoulés sans espoir de retour.
Nous mourons et nos jours roulent d'un vite cours
L'un l'autre se poussant comme l'onde labile*
Qui ne retourne point, mais sa course mobile
D'une même roideur... -
Nous n'entrons point d'un pas plus avant en la vie
Que nous n'entrions d'un pas plus avant en la mort,
Nostre vivre n'est rien qu'une eternelle mort,
Et plus croissent nos jours, plus decroit nostre vie :
Quiconque aura vescu la moitié de sa vie,
Aura pareillement la moitié de sa mort,
Comme non usitee on deteste la mort
Et la mort est commune... -
(extraits)
Paisible et solitaire Nuit,
Sans Lune et sans Étoiles,
Renferme le Jour qui me nuit
Dans tes plus sombres voiles ;
Hâte tes pas, Déesse exauce-moi,
J'aime une Brune comme toi.
... Ha ! voilà le jour achevé,
Il faut que je m'apprête ;
L'Astre de Vénus est levé
Propice à ma requête ;
Si bien qu'il semble en se... -
Assis sur un fagot, une pipe à la main,
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux fixés vers terre, et l'âme mutinée,
Je songe aux crautés de mon sort inhumain.
L'espoir qui me remet du jour au lendemain,
Essaye à gagner temps sur ma peine obstinée,
Et me venant promettre une autre destinée,
Me fait monter plus haut qu'un Empereur Romain.
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