• Jeune et vaillant héros, dont la haute sagesse
    N'est point le fruit tardif d'une lente vieillesse,
    Et qui seul, sans ministre, à l'exemple des dieux,
    Soutiens tout par toi-même, et vois tout par tes yeux,
    GRAND ROI, si jusqu'ici, par un trait de prudence,
    J'ai demeuré pour toi dans un humble silence,
    Ce n'est pas que mon coeur, vainement suspendu,
    Balance...

  • Laborieux valet du plus commode maître
    Qui pour te rendre heureux ici-bas pouvait naître,
    Antoine, gouverneur de mon jardin d'Auteuil,
    Qui diriges chez moi l'if et le chèvrefeuil,
    Et sur mes espaliers, industrieux génie,
    Sais si bien exercer l'art de La Quintinie ;
    Ô ! que de mon esprit triste et mal ordonné,
    Ainsi que de ce champ par toi si bien orné.
    ...

  • Au temps heureux où régnait l'innocence
    On goûtait, en aimant, mille et mille douceurs
    Et les amants ne faisaient de dépense
    Qu'en soins et qu'en tendres ardeurs.
    Mais aujourd'hui, sans l'opulence,
    Il faut renoncer aux plaisirs :
    Un amant qui ne peut dépenser qu'en soupirant
    N'est plus payé qu'en espérance.

  • La nuit la plus funeste et la plus malheureuse
    Qui vît jamais dissoudre une étreinte amoureuse
    Pliait son noir manteau, pour sortir du séjour
    Où l'aimable Amarante était morte d'amour,
    Et portait en fuyant vers sa demeure sombre
    Un crêpe, que son deuil avait fait de son ombre.
    La courrière du jours, qui vient d'un air riant
    Ouvrir tous les matins les...

  • [...] Sur le milieu s'élève un beau tertre qui pousse
    L'éternelle fraîcheur d'une odorante mousse,
    Et de son flanc ouvert par un petit canal
    Verse à menus bouillons un liquide cristal,
    A qui nature semble avoir formé de l'herbe
    Un bassin d'émeraude éclatant et superbe,
    Où l'eau garde toujours un état tempéré,
    Comme celle qu'on trouve en un bain préparé...

  • Ni la fleur qui naquit du beau nom de Junon,
    L'honneur à ce jour d'hui de l'écusson de France
    Ni le fleuron pourpré qui tira sa naissance
    De celui que Cyprine élut pour mignon,

    Ni celle qui d'Ajax fait vivre le renom,
    Ni l'autre qui s'éclôt quand le printemps commence,
    Née du beau jeune homme épris de sa présence
    Dont encore aujourd'hui elle...

  • Je sais que ma joie est prochaine,
    Que bientôt je vous dois revoir,
    Mais que l'impatience est une étrange peine !
    Je languis dans ce doux espoir.
    Pour vous, dans votre solitude,
    Êtes-vous sans inquiétude ?
    Le calme et les plaisirs vous suivent-ils toujours ?
    Ne regrettez-vous point vos aimables demeures ?
    Et ne comptez-vous point les jours,
    Dont...

  • Je ne sais pas, Iris, à quoi mon coeur s'attend,
    Je ne sais pas ce qu'il doit craindre ;
    Mais je suis triste et mécontent,
    Sans avoir sujet de me plaindre :
    Avec mille bontés vous me souffrez chez vous ;
    D'un visage obligeant et doux
    Vous recevez mes voeux, mes soins et mes hommages :
    De quoi suis-je donc affligé ?
    Ai-je vu dans vos yeux de sinistres...

  • Qu'on puisse oublier ce qu'on aime,
    Et qu'un fatal éloignement
    Ebranle le coeur d'un amant ;
    Non, cela ne se peut, j'en juge par moi-même.
    Je songe à mon Iris et la nuit et le jour ;
    Je soupire après son retour,
    Et je connais bien que l'absence
    Est un prétexte à l'inconstance,
    Plutôt qu'un remède à l'amour.

  • Il est vrai, jeune Iris, que vous savez aimer,
    Et vos regrets en sont d'illustres témoignages ;
    D'un exemple si beau l'on se sent animer,
    Et mille amants depuis vous offrent leurs hommages.
    De vos chagrins, de vos rigueurs,
    De vos soupirs, de vos langueurs,
    Chacun se fait de nouveaux charmes ;
    Puisqu'elle aimait, dit-on, peut-être elle aimera ;
    Heureux...