• Quoi, frère, tu frémis parce qu’on te déchire !
    Tu ne connais donc pas la force du sourire !
    Quand tu te vois honni, hué, sifflé, raillé,
    Par des faquins à l’âme obscure, au nom souillé,
    Qui firent cent métiers et jouèrent cent rôles,
    Tu prends trop de souci des choses que ces drôles
    Disent de toi. Ton front s’assombrit ; tu t’émeus
    Des sottises d’un...

  • I

    Toulon, c'est peu ; Sedan, c'est mieux.

    L'homme tragique,
    Saisi par le destin qui n'est que la logique,
    Captif de son forfait, livré les yeux bandés
    Aux noirs événements qui le jouaient aux dés,
    Vint s'échouer, rêveur, dans l'opprobre insondable.
    Le grand regard d'en haut lointain et formidable
    Qui ne quitte...

  • II

    C’était le sept août. Ô sombre destinée !
    C’était le premier jour de leur dernière année.

    Seuls dans un lieu royal, côte à côté marchant,
    Deux hommes, par endroits du coude se touchant,
    Causaient. Grand souvenir qui dans mon cœur se...

  • III

    Sept. Le chiffre du mal. Le nombre où Dieu ramène,
    Comme en un vil cachot, toute la faute humaine.
    Sept princes. Wurtemberg et Mecklembourg, Nassau,
    Saxe, Bade, Bavière et Prusse, affreux réseau.
    Ils dressent dans la nuit leurs tentes sépulcrales.
    Les cercles de l'enfer sont là, mornes spirales ;
    Haine, hiver, guerre,...

  • Les rudes bûcherons sont venus dans le bois.
    — Si tu ne vois pas nie et doute si tu vois,
    A dit Cratès. — Zénon Gorgias, Pythagore,
    Plaute et Sénèque ont dit : — Si tu vois, nie encore.
    Bacon a dit — Voici l’objet, l’être, le corps,
    Le fait. N’en sortez pas ; car tout tremble dehors.
    — Quel est ce monde ? a dit Thalès. Apollodore
    A dit : C’est de la nuit que...

  • Soit, c’est dit. Tout n’est plus qu’une cendre qui vole.
    La révolution française est une folle,
    Une drôlesse, à qui Bruxelles dit : va-t’en !
    Danton est empoigné par monsieur d’Anethan
    Et Robespierre est pris au collet par Cornesse ;
    On met Paris au poste ainsi qu’une ivrognesse ;
    Nous sommes un troupeau de moutons qui n’est bon
    Qu’à suivre son berger...

  • Soit. Mais quoi que ce soit qui ressemble à la haine
    N’est pas le dénouement, et l’aurore est certaine ;
    C’est au bonheur que doit, quoi qu’on fasse, aboutir
    L’effort humain, ce sombre et souriant martyr ;
    La vie aux yeux sereins sort toujours de la tombe ;
    Tout déluge a pour fin le vol d’une colombe ;
    Jamais l’espoir sacré n’a dit : je me trompais.
    Oh...

  • V

    Laissez-la donc aller cette France immortelle !
    Ne la conduisez pas ! Et quel besoin a-t-elle
    De vous, soldat vaillant, mais enclin à charger
    Les saints du ciel du soin d'écarter le danger ?
    Pour Paris dont on voit flamboyer la couronne
    A travers le nuage impur qui l'environne,
    Pour ce monde en péril, pour ce peuple en...

  • VIII

    L'aube froide blêmit, vaguement apparue.
    Une foule défile en ordre dans la rue ;
    Je la suis, entraîné par ce grand bruit vivant
    Que font les pas humains quand ils vont en avant.
    Ce sont des citoyens partant pour la bataille.
    Purs soldats ! Dans les rangs, plus petit par la taille,
    Mais égal par le coeur, l'enfant avec...

  •  
    — Laisse-moi. ― Non. ― Ô griffe sombre,
    Bouche horrible ! Ô torture ! Ô deuil !
    Pourquoi te glisses-tu dans l’ombre
    Par les fentes de mon cercueil ?

    — Il faut renouveler ma sève,
    Ô mort, voici le doux été.
    Toute la nature qui rêve,
    Spectre, a besoin de ma beauté !

    Il faut qu’aucun lys ne m’efface ;
    L’abeille attend de moi le miel...