• (extrait)

    Peuples ! écoutez le poète !
    Ecoutez le rêveur sacré !
    Dans votre nuit, sans lui complète,
    Lui seul a le front éclairé.
    Des temps futurs perçant les ombres,
    Lui seul distingue en leurs flancs sombres
    Le germe qui n'est pas éclos.
    Homme, il est doux comme une femme.
    Dieu parle à voix basse à son âme
    Comme aux forêts et comme aux...

  • J'aime un petit enfant, et je suis un vieux fou.

    - Grand-père ? - Quoi ? - Je veux m'en aller. - Aller où ?
    - Où je voudrai. - Partons. - Je veux rester, grand-père.
    - Restons. - Grand-père ? - Quoi ? - Pleuvra-t-il ? - Non, j'espère.
    - Je veux qu'il pleuve, moi. - Pourquoi ? - Pour faire un peu
    Pousser mon haricot dans mon jardin. - C'est Dieu
    Qui fait...

  • Ô temps ! si l'on pouvait dans ton urne profonde
    Puiser des jours nouveaux comme on puise de l'onde,
    J'en voudrais bien encor !

    Je dirais à la vie : oh ! que ta fleur renaisse !
    Et je reposerais sur mon front la jeunesse,
    Cette couronne d'or !

  • Heureux l'homme, occupé de l'éternel destin,
    Qui, tel qu'un voyageur qui part de grand matin,
    Se réveille, l'esprit rempli de rêverie,
    Et, dès l'aube du jour, se met à lire et prie !
    A mesure qu'il lit, le jour vient lentement
    Et se fait dans son âme ainsi qu'au firmament.
    Il voit distinctement, à cette clarté blême,
    Des choses dans sa chambre et d'...

  • Je ne songeais pas à Rose ;
    Rose au bois vint avec moi ;
    Nous parlions de quelque chose,
    Mais je ne sais plus de quoi.

    J'étais froid comme les marbres ;
    Je marchais à pas distraits ;
    Je parlais des fleurs, des arbres
    Son oeil semblait dire: " Après ? "

    La rosée offrait ses perles,
    Le taillis ses parasols ;
    J'allais ; j'écoutais les...

  • Proscrit, regarde les roses ;
    Mai joyeux, de l'aube en pleurs
    Les reçoit toutes écloses ;
    Proscrit, regarde les fleurs.

    - Je pense
    Aux roses que je semai.
    Le mois de mai sans la France,
    Ce n'est pas le mois de mai.

    Proscrit, regarde les tombes ;
    Mai, qui rit aux cieux si beaux,
    Sous les baisers des colombes
    Fait palpiter les...

  • Janvier est revenu. Ne crains rien, noble femme !
    Qu'importe l'an qui passe et ceux qui passeront !
    Mon amour toujours jeune est en fleur dans mon âme ;
    Ta beauté toujours jeune est en fleur sur ton front.

    Sois toujours grave et douce, ô toi que j'idolâtre ;
    Que ton humble auréole éblouisse les yeux !
    Comme on verse un lait pur dans un vase d'albâtre,...

  • Un grand sabre serait d'utilité publique.
    Est-ce qu'il n'est pas temps d'exterminer la clique
    Des songeurs, des rêveurs, des penseurs, des savants,
    Et de tous ces semeurs jetant leur graine aux vents,
    Et de mettre au pavois celui qui nous fait taire,
    Et de souffler sur l'aube, et d'éteindre Voltaire !
    Qu'attendez-vous ? Oh ! comme il serait beau de voir...

  • Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe,
    L'une pareille au cygne et l'autre à la colombe,
    Belle, et toutes deux joyeuses, ô douceur !
    Voyez, la grande soeur et la petite soeur
    Sont assises au seuil du jardin, et sur elles
    Un bouquet d'oeillets blancs aux longues tiges frêles,
    Dans une urne de marbre agité par le vent,
    Se penche, et les regarde,...

  • Elle est gaie et pensive ; elle nous fait songer
    À tout ce qui reluit malgré de sombres voiles,
    Aux bois pleins de rayons, aux nuits pleines d'étoiles.
    L'esprit en la voyant s'en va je ne sais où.
    Elle a tout ce qui peut rendre un pauvre homme fou.
    Tantôt c'est un enfant, tantôt c'est une reine.
    Hélas ! quelle beauté radieuse et sereine !
    Elle a de fiers...