Comme un père en ses bras tient une enfant bercée
Et doucement la serre, et, loin des curieux,
S?arrête au coin d?un mur pour lui baiser les yeux,
Je te porte couvée au secret de mon âme,
Ô toi que j?élus douce entre toutes les femmes,
Et qui marches, suave, en tes parfums flottants.
Les soirs fuyants et fins aux ciels inconsistants
Où défaille et s?en...
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Je t?aime, - loin de toi ma pensée obstinée,
Et, par l?instinct d?amour à l?amour ramenée,
Revient vers toi, voltige alentour de ton cou,
De tes yeux, de tes seins, comme un papillon fou,
Et, grise de tourner dans ton cercle de femme,
Reste des jours entiers sans rentrer dans mon âme...
Je t?aime, et, malgré moi, je m?en vais par les rues
Où flotte un... -
La petite ville sans bruit
Dort profondément dans la nuit.
Aux vieux réverbères à branches
Agonise un gaz indigent ;
Mais soudain la lune émergeant
Fait tout au long des maisons blanches
Resplendir des vitres d?argent.
La nuit tiède s?évente au long des marronniers...
La nuit tardive, où flotte encor de la lumière.
Tout est noir et... -
Le Séraphin des soirs passe le long des fleurs...
La Dame-aux-Songes chante à l'orgue de l'église ;
Et le ciel, où la fin du jour se subtilise,
Prolonge une agonie exquise de couleurs.
Le Séraphin des soirs passe le long des coeurs...
Les vierges au balcon boivent l'amour des brises ;
Et sur les fleurs et sur les vierges indécises
Il neige lentement... -
Au-dessus des grands bois profonds
L?étoile du berger s?allume...
Groupes sur l?herbe dans la brume...
Pizzicati des violons...
Entre les mains, les mains s?attardent,
Le ciel où les amants regardent
Laisse un reflet rose dans l?eau ;
Et dans la clairière indécise,
Que la nuit proche idéalise,
Passe entre Estelle et Cydalise
L?ombre amoureuse... -
Vague, perdue au fond des sables monotones,
La ville d'autrefois, sans tours et sans remparts,
Dort le sommeil dernier des vieilles Babylones,
Sous le suaire blanc de ses marbres épars.
Jadis elle régnait ; sur ses murailles fortes
La Victoire étendait ses deux ailes de fer.
Tous les peuples d'Asie assiégeaient ses cent portes ;
Et ses grands escaliers... -
Calmes aux quais déserts s'endorment les bateaux.
Les besognes du jour rude sont terminées,
Et le bleu Crépuscule aux mains efféminées
Éteint le fleuve ardent qui roulait des métaux.
Les ateliers fiévreux desserrent leurs étaux,
Et, les cheveux au vent, les fillettes minées
Vers les vitrines d'or courent, illuminées,
Meurtrir leur désir pauvre aux... -
Ses longs cheveux d?aurore ogivant son front lisse,
La Dame du Printemps, en un songe éternel,
Au bord du lac où sonnent les cors d?Avenel
Mire les fleurs de sa robe de haute lisse.
Parmi l?Avril épars, et les tièdes délices,
Limpide, elle sourit à l?azur fraternel.
Ses yeux ont la couleur du lac originel,
Et son corps se balance au rythme des calices.... -
Les jardins odorants balancent leurs panaches.
L'eau miroite au soleil, et le ciel est heureux.
Mon coeur, tu peux rentrer dans l'ombre où tu te caches ;
Ton impuissance insulte au monde vigoureux.
Dans un tressaillement qui fait craquer l'écorce,
L'arbre, géant joyeux, tend ses cent bras musclés.
La terre, ivre de sève, étouffe dans sa force,
Et la... -
Au zénith aveuglant brûle un globe de flamme,
Le ciel entier frémit criblé de flèches d'or.
Immobile et ridée à peine la mer dort,
La mer dort au soleil comme une belle femme.
Ça et là, dans le creux des rochers, une lame
Blanchit, et par degrés d'un insensible effort
Les vagues, expirant sur le sable du bord,
Allongent leur ourlet tiède jusqu'à mon...