• D’autres, ― des innocents ou bien des lymphatiques, ―
    Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux,
    Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux !
    D’autres s’y sentent pris ― rêveurs ― d’effrois mystiques.

    Ils sont heureux ! Pour moi, nerveux, et qu’un remords
    Épouvantable et vague affole sans relâche,
    Par les forêts je tremble à la façon d’un...

  • Baiser ! rose trémière au jardin des caresses !
    Vif accompagnement sur le clavier des dents
    Des doux refrains qu’Amour chante en les cœurs ardents
    Avec sa voix d’archange aux langueurs charmeresses !

    Sonore et gracieux Baiser, divin Baiser !
    Volupté nonpareille, ivresse inénarrable !
    Salut ! L’homme, penché sur ta coupe adorable,
    S’y grise d’un...

  • Les petits ifs du cimetière
    Frémissent au vent hiémal,
    Dans la glaciale lumière.

    Avec des bruits sourds qui font mal,
    Les croix de bois des tombes neuves
    Vibrent sur un ton anormal.

    Silencieux comme des fleuves,
    Mais gros de pleurs comme eux de flots,
    Les fils, les mères et les veuves

    Par les détours du triste enclos
    S’écoulent, —...

  • La Vie est triomphante & l’idéal est mort !
    Et voilà que, criant sa joie au vent qui passe,
    Le cheval enivré du vainqueur broie & mord
    Nos frères, qui du moins tombèrent avec grâce.

    Et nous, que la déroute a fait survivre, hélas !
    Les pieds meurtris, les yeux baissés, la tête lourde,
    Saignants, veules, fangeux, déshonorés & las,
    Nous...

  • Lorsque Jésus fut mort, & comme une auréole
    S’allumait bleue au front blanc du Nazaréen,
    Plus pâle qu’un cadavre & plus tremblant qu’un chien,
    Le bon larron, prenant brusquement la parole :

    « Compagnon, que dis-tu de tout ceci ? — Moi ? Rien,
    Répondit le mauvais larron, Rien, âme molle,
    Rien, ô cerveau chétif qu’un tel prodige affole,
    Sinon qu...