• Puisque c'est toi qui veux nouer encore
    Notre lien,
    Puisque c'est toi dont le regret m'implore,
    Ecoute bien :

    Les longs serments, rêves trempés de charmes,
    Ecrits et lus,
    Comme Dieu veut qu'ils soient payés de larmes,
    N'en écris plus !

    Puisque la plaine après l'ombre ou l'orage
    Rit au soleil,
    Séchons nos yeux et reprenons courage,...

  • Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire ;
    J'écris pourtant,
    Afin que dans mon coeur au loin tu puisses lire
    Comme en partant.

    Je ne tracerai rien qui ne soit dans toi-même
    Beaucoup plus beau :
    Mais le mot cent fois dit, venant de ce qu'on aime,
    Semble nouveau.

    Qu'il te porte au bonheur ! Moi, je reste à l'attendre,
    Bien que, là-bas...

  • Savez-vous pourquoi, madame,
    Je refusais de vous voir ?
    J'aime ! Et je sens qu'une femme
    Des femmes craint le pouvoir.
    Le vôtre est tout dans vos charmes,
    Qu'il faut, par force, adorer.
    L'inquiétude a des larmes :
    Je ne voulais pas pleurer.

    Quelque part que je me trouve,
    Mon seul ami va venir ;
    Je vis de ce qu'il éprouve,
    J'en fais...

  • Veux-tu recommencer la vie ?
    Femme, dont le front va pâlir,
    Veux-tu l'enfance, encor suivie
    D'anges enfants pour l'embellir ?
    Veux-tu les baisers de ta mère
    Echauffant tes jours au berceau ?
    - "Quoi ? mon doux Eden éphémère ?
    Oh ! oui, mon Dieu ! c'était si beau !"

    Sous la paternelle puissance
    Veux-tu reprendre un calme essor ?
    Et dans...

  • " Mon lit est parfumé d'aloès et de myrrhe ;
    " L'odorant cinnamome et le nard de Palmyre
    " Ont chez moi de l'Egypte embaumé les tapis.
    " J'ai placé sur mon front et l'or et le lapis ;
    " Venez, mon bien-aimé, m'enivrer de délices
    " Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices :
    " Aujourd'hui que l'époux n'est plus dans la cité,
    " Au nocturne bonheur soyez...

  • parmi les ruines de Rome

    Hic spirat amor.


    J'errais aux campagnes de Rome,
    Et, promenant au loin mes pas silencieux,
    Je lisais le néant de l'homme
    Écrit de toutes parts sur ce sol glorieux.

    Du Capitole au front superbe
    J'aimais à contempler les environs déserts,
    Et je voyais ramper sur l'herbe
    L'orgueil de cent palais que la...

  • Tu n'as jamais été, dans tes jours les plus rares,
    Qu'un banal instrument sous mon archet vainqueur,
    Et, comme un air qui sonne au bois creux des guitares,
    J'ai fait chanter mon rêve au vide de son coeur.

  • A vous ces vers de par la grâce consolante
    De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux,
    De par votre âme pure et toute bonne, à vous
    Ces vers du fond de ma détresse violente.

    C'est qu'hélas ! le hideux cauchemar qui me hante
    N'a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux,
    Se multipliant comme un cortège de loups
    Et se pendant après mon sort qu'il...

  • Elle jouait avec sa chatte,
    Et c'était merveille de voir
    La main blanche et la blanche patte
    S'ébattre dans l'ombre du soir.

    Elle cachait - la scélérate ! -
    Sous ces mitaines de fil noir
    Ses meurtriers ongles d'agate,
    Coupants et clairs comme un rasoir.

    L'autre aussi faisait la sucrée
    Et rentrait sa griffe acérée,
    Mais le diable n'y...

  • Le vent est doux comme une main de femme,
    Le vent du soir qui coule dans mes doigts ;
    L'oiseau bleu s'envole et voile sa voix,
    Les lys royaux s'effeuillent dans mon âme ;

    Au clavecin s'alanguissent les gammes,
    Le soleil est triste et les coeurs sont froids ;
    Le vent est doux comme une main de femme,
    Le vent du soir qui coule dans mes doigts....