Il est beau tout en haut de la chaire où l’on trône,
Se prélassant d’un ris moqueur,
Pour festonner sa phrase et guillocher son prône
De ne point mentir à son cœur !
Il est beau, quand on vient dire neuves paroles,
Morigéner mœurs et bon goût,
De ne point s’en aller puiser ses paraboles
Dans le corps de garde ou...
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Ah ! ne m’accusez pas d’être froid, insensible ;
D’avoir l’œil dédaigneux, le rire d’un méchant ;
D’avoir un cœur de bronze à tout inaccessible ;
D’avoir l’âme fermée au plus tendre penchant.
Vous me devinez peu malgré votre science :
Croyez moins désormais à cette insouciance,
J’aime, et d’un amour vif ; j’en fais l’aveu touchant.J’aime, en...
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AGARITE, seule, assise près d’une table.
Non, non, rien n’est juré, non, non, c’est impossible !
Baisons, pleurs, tout est vain ; je me fais insensible ;
Il s’agit de mon sort, de mon bel avenir :
C’est ma vie, après tout, qu’on voudrait me ternir.
On veut forcer mon„cœur, commander ô mon âme ;
Mais je suis libre encore, et je puis… je suis... -
Ce désert étouffant est donc infranchissable ?…
Voilà bientôt deux nuits que j’ai quitté les bords ;
De l’aube à l’Occident je marche, et n’en suis hors.
SI es deux, pieds lourdement s’enfoncent dans le sable,
Et mon bambou se rompt sous le poids de mon corps.Harassé, je m’assieds, mourant solitaire,
Ainsi qu’une ombre errante aux débris d’un... -
Il dort, mon Bénoni, bien moins souffrant sans doute,
C’est le premier sommeil qu’aussi longtemps il goûte ;
Il dort depuis hier que, le regard terni,
Dans sa débile main il a serré la mienne,
Disant : Vous m’aimez tous ! maintenant qu’elle vienne !…
Il dort, mon Bénoni !Il dort, mon Bénoni ! viens le voir, il repose ;
Marche bien doucement... -
Ho ! que vous êtes plats, hommes lâches, serviles ;
Ho ! que vous êtes plats, vous, qu’on nous dit si beaux ;
Ho ! que vous êtes plats, que vos âmes sont viles,
Vous, de la royauté-charogne, vrais corbeaux !
Ho ! qu’elle fait dégoût, la tourbe laide et bête,
Levain que repétrit chaque jour un journal,
Dans la bourbe et l’ordure, entrant jusqu’à la... -
A nos flancs s’est usé l’éperon homicide,
Qui, sanglant, résonnait sur le talon royal ;
Le coursier populaire a, d’un pied régicide,
Écrasé le bandeau sur le front déloyal ;
Brisant de son poitrail la caduque barrière
Qu’en vain l’épée esclave essaya d’étayer ;
Mais, libre, à peine entré dans la libre carrière,
Que déjà sur ses reins pèse un... -
Le maestral soufflait : la voûte purpurine
Brillait de mille feux comme une aventurine ;
Sur le bord expirait le chant des gondoliers ;
Un silence de mort planait sur ces campagnes.
Parfois, on entendait bien loin, dans les montagnes,
Les sifflements des bandouliers.La mer était houleuse ; et la vague plaintive
Se berçait, et rampait, et... -
Comme une louve ayant fait chasse vaine,
Grinçant les dents, s’en va par le chemin ;
Je vais, hagard, tout chargé de ma peine,
Seul avec moi, nulle main dans ma main ;
Pas une voix qui me dise : A demain.Pourtant bout en mon sein la sève de la vie ;
Femmes ! mon pauvre cœur est pourtant bien aimant,
J’ai vingt ans, je suis beau, je devrais... -
Son joyeux, importun, d’un clavecin sonore,
Parle, que me veux-tu ?
Viens-tu, dans mon grenier, pour insulter encore
A ce cœur abattu ?
Son joyeux, ne viens plus ; verse à d’autres l’ivresse ;
Leur vie est un festin
Que je n’ ai point troublé ; tu troubles ma détresse,
Mon râle clandestin !...