Qu'il vient doucement sur la terre,
De peur d'attrister ceux qui pleurent
Qu'il vient simplement, mon Bonheur !
L'heure n'est pas venue encore,
Déjà son infini sourire
Est sur mes lèvres ; dans mon coeur,
Déjà repose sa lumière.
Comme il vient à travers la plaine,
Silencieux, dans le matin ;
Il embaume l'air qui l'amène,
Il foule...
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-
C'est en toi, bien-aimé, que j'écoute,
Et que mon âme voit.
Accueille mon silence et montre-moi la route,
Mes yeux fermés au monde se sont ouverts en toi.
C'est en toi que je ris, c'est en toi que je rêve,
Que je pleure tout bas.
En toi que mon sein se soulève,
En toi que mon coeur bat.
Ô toi, dont s'ensoleille
D'un tremblement d'... -
Un peu de jour, un peu d'amour,
Un peu de soleil, comme en rêve,
Et son front et ces lys autour,
C'était chose fragile et brève.
Mais c'était si doux à souffrir
Parmi ces eaux, ces fleurs, ces palmes,
Qu'elle n'en pouvait pas mourir ;
Alors elle a clos ses yeux calmes.
Elle s'est endormie au fond
De mon coeur, sur ses mains... -
Je l'ai cueilli ! je l'ai goûté,
Le beau fruit qui enivre
D'orgueil, et je vis !
Je l'ai goûté de mes lèvres
Le fruit délicieux de vertige infini.
Mon âme chante, mes yeux s'ouvrent,
Je suis égale à Dieu !
Un autre monde de beauté
S'étend devant mes rêves ;
De toutes choses sur la terre se lèvent
De nouvelles clartés.
Ah !... -
Ève pleurait. Ses mains cachaient sa tête pâle.
C'était le premier soir mortel.
Des êtres lumineux descendirent du ciel,
Et l'air s'emplit du chant de leur voix amicale.
Regarde, disaient-ils, si, dans ce soir d'été,
Tout devant nous pâlit et tremble,
C'est que le choeur entier des anges te ressemble,
C'est que Dieu ne nous fit que selon ta beauté.... -
L'herbe est molle et profonde
Sous les branches qui pendent,
Lourdes de fruits et de fleurs blanches ;
Lourde est la senteur enivrante,
Et douce est l'ombre. On s'y étend ;
Un sourd sommeil coule dans le sang.
Et les branches s'abaissent et se penchent,
Et vous caressent de longs frôlements,
Vous caressent et vous soulèvent
De la terre... -
Si tu veux les voir, m'a dit une Fée,
Glisse un soir, comme moi,
Sous les saules,
Et regarde, entre tes doigts,
Par-dessus ton épaule.
Elles appuient sur les eaux bleues
Leurs frêles corolles,
Et leurs larges feuilles,
Et elles jouent, entre les joncs,
A des jeux d'ombre et de rayons.
Retiens ton souffle, approche en silence... -
Je l'ai tué, je l'ai tué !
Il tombe.
Ecoute. Une voix dans le soir a crié
Sur la mer sombre : Tu l'as tué !
Comment l'ai-je tué, mon dieu, de ces mains blanches
Qui n'auraient pas blessé une colombe
Ni tué une fleur ?
Ah ! rien ne savait qu'il vivait,
Et tout ignore qu'il n'est plus
Et l'aurore se lève encore.
Rien ne le...