• Oh ! redis-les encor ces paroles dorées ;
    Rends-nous ces flots si purs qui s’épanchaient sur nous,
    Rends-nous l’écho lointain de ces hymnes sacrées
    Que le chrétien ne doit entendre qu’à genoux.

    Hélas ! qui t’a si jeune enseigné ces mystères
    Et toutes ces douleurs du pauvre cœur humain ?
    Quel génie au milieu des sentiers solitaires
    Au sortir du berceau...

  • Alfred, j’ai vu des jours où nous vivions en frères,
    Servant les mêmes dieux aux autels littéraires :
    Le ciel n’avait formé qu’une âme pour deux corps ;
    Beaux jours d’épanchement, d’amour et d’harmonie,
    Où ma voix à la tienne incessamment unie
    Allait se perdre au ciel en de divins accords.

    Qui de nous a changé ? Pourquoi dans la carrière...

  • Que dis-je ? malgré moi, malgré mes vains sermens,
    Ai-je su maîtriser de vagues mouvemens ?
    Ai-je su résister à ce charme qu’inspire
    D’un souris enchanteur l’irrésistible empire,
    Et l’éclat d’un regard ne m’a-t-il pas rendu
    Un espoir de bonheur que je croyais perdu ?
    Oui : mais lorsque bientôt de ce songe éphémère
    Une affreuse clarté dissipait la...

  • Hélas ! qui t?a si jeune enseigné ces mystères
    Et toutes ces douleurs du pauvre c?ur humain ?
    Quel génie au milieu des sentiers solitaires,
    Au sortir du berceau t?a conduit par la main ?

    O chantre vigoureux, ô nature choisie !
    Quel est l?esprit du Ciel qui t?emporte où tu veux ?
    Quel souffle parfumé de sainte poésie
    Soulève incessamment l?or de tes...

  • Oh ! qui me donnera d'aller dans vos prairies,
    Promener chaque jour mes tristes rêveries,
    Rivages fortunés où parmi les roseaux
    L'Yonne tortueuse égare au loin ses eaux !
    Oui, je veux vous revoir, poétiques ombrages,
    Bords heureux, à jamais ignorés des orages,
    Peupliers si connus, et vous, restes touchants,
    Qui m'avez inspiré jadis mes premiers...

  • Dans des vers immortels que vous savez sans doute,
    Dante acceptant d'un prince et le toit et l'appui,
    Des chagrins de l'exil abreuvé goutte à goutte,
    Nous a montré son coeur tout plein d'un sombre ennui ;
    Et combien est amer, pour celui qui le goûte,
    Le pain de l'étranger, et tout ce qu'il en coûte
    De monter et descendre à l'escalier d'autrui...
    Moi, qui ne...

  • Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
    Un amour éternel en un moment conçu :
    Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
    Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

    Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
    Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
    Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
    N'osant rien demander et n'ayant rien...

  • Tu sais l?amour et son ivresse
    Tu sais l?amour et ses combats ;
    Tu sais une voix qui t?adresse
    Ces mots d?ineffable tendresse
    Qui ne se disent que tout bas.

    Sur un beau sein, ta bouche errante
    Enfin a pu se reposer,
    Et sur une lèvre mourante
    Sentir la douceur enivrante
    Que recèle un premier baiser?

    Maître de ces biens qu?on envie...

  • Sur tes riches tapis, sur ton divan qui laisse
    Au milieu des parfums respirer la mollesse,
    En ce voluptueux séjour,
    Où loin de tous les yeux, loin des bruits de la terre,
    Les voiles enlacés semblent, pour un mystère,
    Eteindre les rayons du jour,

    Ne t'enorgueillis pas, courtisane rieuse,
    Si, pour toutes tes soeurs ma bouche sérieuse
    Te sourit...

  • J'ai souvent comparé la villégiature
    Aux phases d'un voyage entrepris en commun
    Avec des étrangers de diverse nature
    Dont on n'a de ses jours vu ni connu pas un.

    Au début de la route, en montant en voiture,
    On s'observe : - l'un l'autre on se trouve importun ;
    L'entretien languissant meurt faute de pâture...
    Mais, petit à petit, on s'anime ; et chacun...