Quand l'œil fit autrefois éclosion sur terre
Dans un frêle organisme encor rudimentaire ;
Quand le premier regard de l'atome vivant,
D'un seul coup jusqu'au fond du ciel vide arrivant,
Découvrit le soleil plus vite qu'il n'éclaire,
Et depuis lors gardant...

Poet: Léon Dierx

 
I

C'était trois ans après le péché dans l'Eden.
Adam sous les grands bois chassait, fier et superbe,
Luttant contre le tigre et poursuivant le daim.
Tranquille, il aspirait l'âcre senteur de l'herbe.

Eve, sereine aussi, corps vêtu de clartés,
Assise...

Poet: Léon Dierx

 
Je suivais dans les bois la fille aux cils soyeux.
Non loin d'un petit lac dormant nous nous assîmes ;
Tout se taisait dans l'herbe et sous les hautes cimes.
Nyssia regardait le lac silencieux ;
         Moi, le fond de ses yeux.

— « Sources claires des...

Poet: Léon Dierx

Monts superbes, dressez vos pics inaccessibles
Sur le cirque brumeux où plongent vos flancs verts !
Métaux, dans le regret des chaleurs impossibles,
Durcissez-vous au fond des volcans entr'ouverts !

- Hérisse, amer orgueil, ta muraille rigide
Sur le coeur que des...

Poet: Léon Dierx

A J-M De Heredia.

La nuit glisse à pas lents sous les feuillages lourds ;
Sur les nappes d'eau morte aux reflets métalliques,
Ce soir traîne là-bas sa robe de velours ;
Et du riche tapis des fleurs mélancoliques,
Vers les massifs baignés d'une fine vapeur,
...

Poet: Léon Dierx

Sous des massifs touffus, au fond désert du parc,
La colonnade antique arrondissant son arc,
Dans une eau sombre encore à moitié se profile ;
Et la fleur que le pampre ou que le lierre exile
Parfois brille furtive aux creux des chapiteaux.
L'eau sommeille ; une mousse y...

Poet: Léon Dierx

A Catulle Mendès.

Un long frisson descend des coteaux aux vallées ;
Des coteaux et des bois, dans la plaine et les champs,
Le frisson de la nuit passe vers les allées.
- Oh ! l'angelus du soir dans les soleils couchants ! -
Sous une haleine froide au loin meurent...

Poet: Léon Dierx

Car les bois ont aussi leurs jours d'ennui hautain ;
Et, las de tordre au vent leurs grands bras séculaires ;
S'enveloppent alors d'immobiles colères ;
Et leur mépris muet insulte leur destin.

Ni chevreuils, ni ramiers chanteurs, ni sources claires.
La forêt ne...

Poet: Léon Dierx

Comme les hauts piliers des vieilles cathédrales,
Ô rêves de mon coeur, vous montez ! Et je vois
L'ancien encens encore endormir ses spirales
A l'ombre de vos nefs, ô rêves d'autrefois !

Comme un orgue dompté par des mains magistrales,
Ô ma longue douleur ! Je t'...

Poet: Léon Dierx

Songe horrible ! - la foule innombrable des âmes
M'entourait. Immobile et muet, devant nous,
Beau comme un dieu, mais triste et pliant les genoux,
L'ancêtre restait loin des hommes et des femmes.

Et le rayonnement de sa mâle beauté,
Sa force, son orgueil, son...

Poet: Léon Dierx