• Bornons ici cette carrière.
    Les longs ouvrages me font peur.
    Loin d’épuiser une matière,
    On n’en doit prendre que la fleur.
    Il s’en va temps que je reprenne
    Un peu de forces et d’haleine,
    Pour fournir à d’autres projets.
    Amour, ce tyran de ma vie,
    Veut que je change de sujets ;
    Il faut contenter son envie.
    Retournons à Psyché ; Damon...

  • Ci gist un petit garçonnet
    Qui mourut par les mains cruelles
    De deux mechantes demoiselles
    Sur le chemin de Bagnolet.

    Mais son trepas fut glorieux
    Autant que sa mort fut cruelle,
    Puisqu’il mourut devant les yeux
    De la princesse la plus belle
    Qui fust jamais dessous les cieux.

  • Celui qui cy maintenant dort
    Fit plus de pitié que d'envie,
    Et souffrit mille fois la mort
    Avant que de perdre la vie.

    Passant, ne fais ici de bruit
    Garde bien que tu ne l'éveille :
    Car voici la première nuit
    Que le pauvre Scarron sommeille.

  •  

    Si tu peux te résoudre à quitter ton logis,
    Où l’or et l’outremer brillent sur les lambris,
    Et laisser cette table avec ordre servie,
    Viens, pourvu que l’amour ailleurs ne te convie,
    Prendre un repas chez moi, demain, dernier janvier,
    Dont le seul appétit sera le cuisinier.
    Je te garde avec soin, mieux que mon patrimoine,
    D’un vin exquis,...

  •    Grand roi, c’est vainement qu’abjurant la satire
    Pour toi seul désormais j’avais fait vœu d’écrire.
    Dès que je prends la plume, Apollon éperdu
    Semble me dire : Arrête, insensé ; que fais-tu ?
    Sais-tu dans quels périls aujourd’hui tu t’engages ?
    Cette mer où tu cours est célèbre en naufrages.
       Ce n’est pas qu’aisément, comme un autre, à ton char
    Je...

  • En vain, pour te louer, ma muse toujours prête,
    Vingt fois de la Hollande a tenté la conquête :
    Ce pays, où cent murs n'ont pu te résister,
    Grand roi, n'est pas en vers si facile à domter.
    Des villes que tu prends les noms durs et barbares
    N'offrent de toutes parts que syllabes...

  • Dangereux ennemi de tout mauvais flatteur,
    Seignelai, c’est en vain qu’un ridicule auteur,
    Prêt à porter ton nom « de l’Èbre jusqu’au Gange, »
    Croit te prendre aux filets d’une sotte louange.
    Aussitôt ton esprit, prompt à se révolter,
    S’échappe, et rompt le piège où l’on veut l’arrêter.
    Il n’en est pas ainsi de ces esprits frivoles,
    Que tout flatteur...

  • Esprit né pour la cour, et maître en l'art de plaire,
    Guilleragues, qui sais et parler et te taire,
    Apprends-moi si je dois ou me taire ou parler.
    Faut-il dans la satire encor me signaler,
    Et, dans ce champ fécond en plaisantes malices,
    Faire encore aux auteurs redouter mes...

  • Oui, Lamoignon, je fuis les chagrins de la ville,
    Et contre eux la campagne est mon unique asile.
    Du lieu qui m’y retient veux-tu voir le tableau ?
    C’est un petit village, ou plutôt un hameau,
    Bâti sur le penchant d’un long rang de collines,
    D’où l’œil s’égare au loin dans les plaines voisines.
    La Seine, au pied des monts que son flot vient laver,
    ...

  • Que tu sais bien, Racine, à l’aide d’un acteur,
    Emouvoir, étonner, ravir un spectateur !
    Jamais Iphigénie, en Aulide immolée,
    N’a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée,
    Que dans l’heureux spectacle à nos yeux étalé
    En a fait, sous son nom, verser la Champmeslé.
    Ne crois pas toutefois, par tes savants ouvrages,
    Entraînant tous les cœurs, gagner...