• Parle, parle, Seigneur, ton serviteur écoute :
    Je dis ton serviteur, car enfin je le suis ;
    Je le suis, je veux l'être, et marcher dans ta route
    Et les jours et les nuits.

    Remplis-moi d'un esprit qui me fasse comprendre
    Ce qu'ordonnent de moi tes saintes volontés,
    Et réduis mes desirs au seul desir d'entendre
    Tes hautes verités.

    Mais...

  • Marquise, si mon visage
    A quelques traits un peu vieux,
    Souvenez-vous qu'à mon âge
    Vous ne vaudrez guère mieux.

    Le temps aux plus belles choses
    Se plaît à faire un affront,
    Et saura faner vos roses
    Comme il a ridé mon front.

    Le même cours des planètes
    Règle nos jours et nos nuits
    On m'a vu ce que vous êtes;
    Vous serez ce que je...

  • Homme, qui que tu sois, regarde Eve et Marie,
    Et comparant ta mère à celle du Sauveur,
    Vois laquelle des deux en est le plus chérie,
    Et du Père Eternel gagne mieux la faveur.

    L'une a toute sa race au démon asservie,
    L'autre rompt l'esclavage où furent ses aïeux
    Par l'une vient la mort et par l'autre la vie,
    L'une ouvre les enfers et l'autre ouvre les...

  • Sous ce marbre repose un monarque sans vice,
    Dont la seule bonté déplut aux bons François,
    Et qui pour tout péché ne fit qu'un mauvais choix
    Dont il fut trop longtemps innocemment complice.

    L'ambition, l'orgueil, l'audace, l'avarice,
    Saisis de son pouvoir, nous donnèrent des lois ;
    Et bien qu'il fût en soi le plus juste des rois,
    Son règne fut...

  • Destins qui savez l'avenir,
    Que pense Philis devenir,
    Puisque pour habit elle porte,
    Et les couleurs du déconfort,
    Et les parures de la mort,
    En une triste feuille morte ?

    Au monde veut-elle mourir,
    Ou me blesser sans me guérir ?
    Est-ce pourquoi ma Belle porte
    Un vêtement plein de langueur,
    Voulant rendre mon pauvre coeur
    ...

  • Beau corail soupirant, ce pourpre qui me flatte
    Allaite d'espérance et d'amour mes esprits :
    Belle et petite bouche où s'enfante un souris,
    Qui semond à baiser votre vive écarlate.

    Vos dents riches remparts d'une voix délicate,
    Dessus les diamants emporteront le prix :
    Si de votre douceur ils sont tant favoris,
    Que votre langue veuille être leur...

  • les contentements d'un amour rustique


    Ne percez plus mon coeur, ô vanités serviles,
    De vos soucis tranchants,
    Éloigné de la Cour, je m'éloigne des villes
    Pour approcher des champs.

    Cet amour que j'y bois dedans l'oeil de Silvie
    M'est plus délicieux,
    Que ce que Jupiter pour nous donner envie
    Dit qu'il boit dans les cieux.

    ...

  • Belle main divisée en cinq branches d'ivoire,
    Un dédale d'ébène enveloppe de lis
    Les chemins tortueux des rameaux et des plis,
    Que marque votre veine avec sa trace noire.

    L'aurore aux doigts de rose avec toute sa gloire,
    Ne pourrait devant vous recevoir que mépris,
    Si lors qu'aux plus beaux doigts on donnerait les prix,
    Sa vanité voulait vous ravir...

  • (Extrait)

    ... Ô plaisirs passagers de notre vanité !
    Êtes-vous donc suivis de quelque éternité ?
    Éternité de bien, éternité de peine,
    Lorsque je pense à toi tu m'assèches la veine :
    Ma plume ni mes vers ne peuvent plus couler,
    Ma langue s'engourdit, je ne peux plus parler.
    Gouffre d'éternité, tu n'as ni fond ni rive,
    De la fin de tes jours...

  • Alors que j'ai chanté par un vers précieux
    Cette divine bouche où Piton se repose,
    Que j'ai doré les fers où mon âme est enclose,
    Et qu'après j'ai fait luire un soleil dans ses yeux,

    J'ai fait flotter Pactole avecque ses cheveux,
    J'ai fait rire la perle, et soupirer la rose :
    Mon pinceau poursuivait, mais ma Muse s'oppose
    Aux traits les plus hardis...