• Ballade

    Quand j'ois parler d'un prince et de sa cour,
    Et qu'on me dit : Fréquentez-y, beau sire,
    Lors je réponds : Mon argent est trop court,
    J'y dépendrais, sans cause, miel et cire :
    Et qui de cour la hantise désire,
    Il n'est qu'un fol, et fût-ce Parceval ;
    Car on se voit souvent, dont j'ai grand ire,
    Très bien monté, puis soudain sans...

  • Quand celle j'oy parler qui pare nostre France,
    Lors son riche propos j'admire en escoutant ;
    Et puis s'elle se taist, j'admire bien autant
    La belle majesté de son grave silence.

    S'elle escrit, s'elle lit, s'elle va, s'elle dance,
    Or je poise son port, or son maintien constant,
    Et sa guaye façon ; et voir en un instant
    De çà de là sortir mille...

  • Ô doux parler, dont l'appât doucereux
    Nourrit encore la faim de ma mémoire,
    Ô front, d'Amour le Trophée et la gloire,
    Ô ris sucrés, ô baisers savoureux ;

    Ô cheveux d'or, ô côteaux plantureux
    De lis, d'oeillets, de porphyre et d'ivoire,
    Ô feux jumeaux dont le ciel me fit boire
    Ô si longs traits le venin amoureux ;

    Ô vermillons, ô perlettes...

  • J'aime tant ce parler bégayement mignard
    Qui sent encor le lait d'une voix enfantine,
    Toutefois bien souvent il donne du poignard
    Qui m'objecte soudain à faire maigre mine.

    Mais tout ainsi qu'il faut que le brave soldard
    Doute moins l'ennemi que son bon capitaine,
    Ainsi, ma chère amour, je crains votre regard,
    Plus que de mes haineux la présence...