Est-il rien de plus vain qu’un songe mensonger
Un songe passager, vagabond et muable ?
La vie est toutefois au songe comparable,
Ausonge vagabond, muable et passager ;

Est-il rien de plus vain que l’ombrage léger,
L’ombrage remuant, inconstant et peu stable ?...

 
Faut-il qu'incessamment passionné je traîne
Les rigoureux liens de l'amour qui me gêne,
Et que sans espérer de me voir en repos
Je loge le souci pour toujours en mes os,
Que lamentant en vain mon malheur je soupire,
Sans pouvoir m'alléger en mon cruel...

Le grand desir du plaisir admirable
Se doit nourrir par vn contentement
De souhaicter chose tant agreable,
Que tout esprit peult rauir doucement.

O que le faict doit estre grandement
Remply de bien, quand pour la grande enuie
On veut mourir, s’on ne l’à...

Le hault pouvoir des astres à permis
(Quand je nasquis) d’estre heureuse & servie :
Dont congnoissant celuy, qui m’est promis,
Restee suis sans sentyment de vie,
Fors le sentir du mal, qui me convie
A regraver ma dure impression
D’amour cruelle, &...

L’heur de mon mal, enflammant le desir,
Feit distiller deux cueurs en vn debuoir :
Dont l’vn est vif pour le doulx desplaisir,
Qui faict que Mort tient l’autre en son pouuoir.

Dieu aueuglé, tu nous as faict auoir
Du bien le mal en effect honnorable :
Fais...

Heureus le serviteur officieus, & dextre
Que le maistre benin au logis treuvera
Faisant sa volonté, quant il retournera
Gouverneur de ses biens il le fera seul estre :

Mais le valet hautain, presumptueus, & traistre
Oubliant son devoir, en soy-mesme dira...

L’heureuse cendre aultresfois composee
En un corps chaste, ou Vertu reposa,
Est en ce lieu par les Graces posee
Parmy ses os, que Beaulté composa.

O Terre indigne : en toy son repos a
Le riche Estuy de celle Ame gentile,
En tout sçauoir sur tout aultre...

Nymphe qui jamais ne sommeilles
Et dont les messages divers
En un moment sont aux oreilles
Des peuples de tout l’univers,
Vole vite ; et de la contrée
Par où le jour fait son entrée,
Jusqu’au rivage de Calis,
Conte sur la terre et sur l’onde
Que l...

Enfin, après les tempêtes,
Nous voici rendus au port ;
Enfin nous voyons nos têtes
Hors de l’injure du sort :
Nous n’avons rien qui menace
De troubler notre bonace ;
Et ces matières de pleurs,
Massacres, feux et rapines,
De leurs funestes épines...

 

Mes volages humeurs, plus sterilles que belles,
S’en vont ; et je leur dis : Vous sentez, irondelles,
S’esloigner la chaleur et le froid arriver.
Allez nicher ailleurs, pour ne tascher, impures,
Ma couche de babil et ma table d’ordures ;
Laissez dormir en...