• D'où me vient, ô mon Dieu ! cette paix qui m'inonde ?
    D'où me vient cette foi dont mon cœur surabonde ?
    A moi qui tout à l'heure incertain, agité,
    Et sur les flots du doute à tout vent ballotté,
    Cherchais le bien, le vrai, dans les rêves des sages,
    Et la paix dans des cœurs retentissants d'orages.
    A peine sur mon front quelques jours ont glissé,
    Il me...

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    Dans cette mascarade immense des vivants
    Nul ne parle à son gré ni ne marche à sa guise ;
    Faite pour révéler, la parole déguise,
    Et la face n’est plus qu’un masque aux traits savants.

    Mais vient l’heure où le corps, infidèle ministre,
    Ne prête plus son geste à l’âme éparse au loin,
    Et, tombant tout à coup dans un repos sinistre,
    Cesse d’être...

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    O POETE songeur, si triste de toi-même,
    Qui pourrait te guérir et qui pourrait t’aimer ?
    Tu portes a ton front l’ombre amère et suprême
    D’une âme que l’ennui va bientôt consumer.

    La solitude grave à ton cœur est mauvaise :
    Le pire compagnon de toi-même, c’est toi !
    O le regard aimé qui doucement apaise,
    Quand viendra-t-il poser sa caresse sur...

  • On voit dans les sombres écoles
    Des petits qui pleurent toujours ;
    Les autres font leurs cabrioles,
    Eux, ils restent au fond des cours.

    Leurs blouses sont très bien tirées,
    Leurs pantalons en bon état,
    Leurs chaussures toujours cirées ;
    Ils ont l’air sage et délicat.

    Les forts les appellent des filles,
    Et les malins des innocents :
    ...

  •  
    Je sais une chapelle horrible et diffamée,
    Dans laquelle autrefois un prêtre s’est pendu.
    Depuis ce sacrilège effroyable on a dû
    La tenir pour toujours aux fidèles fermée.

    Plus de croix sur l’autel, plus de cierge assidu,
    Plus d’encensoir perdant son âme parfumée.
    Sous les arceaux déserts une funèbre armée
    De feuilles mortes court en essaim...

  • Je bande trop dans ma culotte
    Je sors mon vit qui décalotte
              Son champignon.
    Être à midi, seul dans ma chambre,
    En tête à tête avec son membre,
              C’est du guignon !

    Mon jacquemart me bat le ventre ;
    Dans quelque chose il faut que j’entre,
              Cul, bouche ou con.
    Mais je ne vois pas ma voisine
    Lançant son...

  • Heureux qui, s’écartant des sentiers d’ici-bas,
    À l’ombre du désert allant cacher ses pas,
    D’un monde dédaigné secouant la poussière,
    Efface, encor vivant, ses traces sur la terre,
    Et, dans la solitude enfin enseveli,
    Se nourrit d’espérance et s’abreuve d’oubli !
    Tel que ces esprits purs qui planent dans l’espace,
    Tranquille spectateur de cette ombre...

  • Vous qui me plaignez, ne me plaignez plus,
    Vous qui m’enviez, n’ayez pas d’envie,
    Mon destin est tel que je le voulus,
    Et Dieu fit sans moi mon cœur & ma vie.

    J’ai su découvrir la sérénité
    Dans le triste fond des plus tristes choses,
    Et me rapprocher de la vérité
    Assez près pour voir l’effet & les causes.

    Maintenant je vais, le front...

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    SOLITUDE du cœur, silence de la chambre,
    Calme du soir autour de la lampe qui luit,
    Pendant que sur les toits la neige de décembre
    Scintille au clair de lune épandu dans la nuit…

    Monotonie exquise, intimité de l’heure
    Que rythme également l’horloge au bruit léger, ―
    Voix si paisible et si douce que la demeure
    Familière, l’entend toujours sans...

  •  
    Faut-il fixer toujours des yeux mélancoliques,
    Tel qu’un prêtre pensif, sur les choses de l’Art,
    Tel qu’un prêtre qui reste agenouillé très tard
    Dans son église froide, à veiller des reliques ?

    Faut-il laisser fleurir les fleurs dans son jardin
    Pour conquérir la gloire à travers les risées ;
    Faut-il laisser passer l’Amour sous ses croisées
    Et...