• L’automne ! la voilà plus belle que jamais,
    Avec sa douceur calme et son moite sourire.
    Tous ces enchantements sont bien ceux que j’aimais,
    Que, si souvent déjà, j’ai tenté de décrire.

    Les rayons du matin glissent dans la vapeur
    Qui reste prise aux doigts plus grêles des ramures ;
    Le vent léger s’en va comme s’il avait peur
    ...

  • C’est horrible. La terre crie,
    Ainsi qu’un pressoir trop chargé ;
    Le cellier devient boucherie,
    Et le vin en sang est changé.

    Par les âmes des morts qui passent,
    On dirait le ciel obscurci ;
    Ces vents qui d’un frisson nous glacent,
    Ont apporté leur râle ici.

    Partout les villes bombardées
    Fument dans la rougeur des soirs ;
    Plaines,...

  • Vivat et Te Deum ! c’est le couronnement
    De cet admirable édifice.

    Le rapt a commencé, puis vient l’égorgement :
    — « Il faut qu’on en finisse...

  • Cet homme était assis au bord de la rivière ;
    Huit jours auparavant sa contenance fière,
    Son langage énergique en parlant de ses fils,
    Tous deux soldats, m’avaient frappée ; et je lui fis,
    Croyant voir à son front des rides plus cruelles,
    Tout bas cette demande : « Avez-vous des nouvelles ? »
    Il me répondit : — « Non ! » d’un ton qui me glaça.
    Le flot...

  • Ah ! parce qu’ils sont forts, et qu’ils sont en grand nombre,
    Qu’ils se sont préparés dans le silence et l’ombre
    Comme des renards ou des loups ;
    Parce qu’ils ont surpris notre France endormie,
    Qu’ils ont mis leur poing lourd sur sa bouche blémie,
    ...

  •  
    On disait : — Il est mort, foulé sur la grand’route
    Par ceux dont il voulait arrêter la déroute.
    Cet autre, au coin d’un bois, tomba seul. Celui-ci,
    Plutôt que de céder, s’est fait tuer ici.
    Celui-là fut broyé sous tant de projectiles,
    Et tous ces dévouements étaient bien inutiles !

    Et je pensais : jamais dévouement n’est perdu ;
    Ce germe est...

  • Elles sont quatre à me parler : leurs voix d’ailleurs
    Toutes frêles, entre leurs lèvres lentes,
    Sont calmantes et réchauffantes,
    Comme leurs robes et leurs mantes.

    L’une est le bleu pardon, l’autre la bonté blanche,
    La troisième l’amour pensif, la dernière le don
    D’être, même pour les méchants, le sacrifice.
    Chacune a bu dans le...

  • Allons les champs, allons les rues,
    Improvisez les bataillons !

  • Quelle étoile nous vit donc naître, nous qui sommes
    Les voleuses de vos coeurs charmants, Enfants-rois ?
    C'est nous qui vous faisons la cour, ô jeunes hommes,
    Et vos légèretés nous sont d'atroces croix.

    En nous rien des yeux verts de l'amante fatale
    Par sa jupe épandue en mare de sang noir.
    Rien des beautés faisant que le désir détale
    Devant leurs...

  • Sacrés coteaux, et vous saintes ruines,
    Qui le seul nom de Rome retenez,
    Vieux monuments, qui encor soutenez
    L'honneur poudreux de tant d'âmes divines :

    Arcs triomphaux, pointes du ciel voisines,
    Qui de vous voir le ciel même étonnez,
    Las, peu à peu cendre vous devenez,
    Fable du peuple et publiques rapines !

    Et bien qu'au temps pour un temps...