Reproche moy maintenant, je le veux,
Si oncq de toy j'ay eu faveur aucune,
Traistre, legere, inconstance fortune.
Reproche moi hardiment, si tu peux.
Depuis le jour qu'en mal'heure mes yeux
Voyent du ciel la lumiere importune,
Je suis le but, la descharge commune
De tous les coups de ton bras furieux.
Bien tost j'auray, desjà l'heure s'...
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Maintenant que le Ciel, plein d'une alme influence,
Chasse par ses doux feux l'outrageuse froideur
De l'orageux hiver, et fait par la vigueur
De l'humide et du sec féconder la semence,
Maintenant que Zéphyr dompte la violence
Du plus brave Aquilon, duquel l'âpre roideur
Entrouvre de Thétis l'horrible profondeur,
Et s'ouvrant jusqu'aux cieux ses... -
Le temps est changé grandement
Si chacun bien y considère
Et nul ne sait plus bonnement
Comme il se pourra contrefaire ;
On ne vit oncq telle misère ;
(Dieu nous veuille de pis garder !)
Car nul n'est qui craigne à méfaire
Contre Dieu ni ses père et mère
Chacun veut chacun gourmander.
On n'estime plus maintenant
Un homme, eût-il... -
Las où est maintenant ce mespris de Fortune
Où est ce coeur vainqueur de toute adversité,
Cest honneste desir de l'immortalité,
Et ceste honneste flamme au peuple non commune ?
Où sont ces doulx plaisir, qu'au soir soubs la nuict brun
Les Muses me donnoient, alors qu'en liberté
Dessus le verd tapy d'un rivage esquarté
Je les menois danser aux rayons de... -
Maintenant je pardonne à la douce fureur
Qui m'a fait consumer le meilleur de mon âge,
Sans tirer autre fruit de mon ingrat ouvrage
Que le vain passe-temps d'une si longue erreur.
Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur,
Puisque seul il endort le souci qui m'outrage,
Et puisque seul il fait qu'au milieu de l'orage,
Ainsi qu'auparavant, je ne tremble...