• Diane, en couche, se sentant
    De la rude mort assaillie,
    Et déjà du tout lui étant
    Là vive parole faillie
    A son mari de main pâlie
    Montre un beau fils, produit à l'heure,
    Comme voulant dire: « Ne pleure
    Avecques l'adieu d'un baiser,
    Ce bel enfant qui te demeure,
    Sera pour ton deuil apaiser ».

  • Il fut le très subtil musicien des vents
    Qui se plaignent en de nocturnes symphonies ;
    Il nota le murmure des herbes jaunies
    Entre les pavés gris des cours d'anciens couvents.

    Il trouva sur la viole des dévots servants
    Pour ses maîtresses des tendresses infinies ;
    Il égrena les ineffables litanies
    Ou s'alanguissent tous les amoureux fervents....

  • Tu vois, passant, la sépulture
    D'un chef-d'oeuvre si précieux,
    Qu'avoir mille rois pour aïeux
    Fut le moins de son aventure.

    L'experte main de la nature,
    Et le soin propice des cieux,
    Jamais ne s'accordèrent mieux
    A former une créature.

    On doute pourquoi les destins,
    Au bout de quatorze matins,
    De ce monde l'ont appelée.

    ...

  • Ci gist un petit garçonnet
    Qui mourut par les mains cruelles
    De deux mechantes demoiselles
    Sur le chemin de Bagnolet.

    Mais son trepas fut glorieux
    Autant que sa mort fut cruelle,
    Puisqu'il mourut devant les yeux
    De la princesse la plus belle
    Qui fust jamais dessous les cieux.

  • Sous ce champêtre monument
    Repose une fille encor chère ;
    Elle n'a vécu qu'un moment :
    Plaignez sa mère.

  • Ici dort une amante à son amant ravie :
    Le Ciel vers lui la rappela.
    Grâces, vertus, jeunesse, et mon coeur, et ma vie,
    Tout est là.