J'aime les grottes où la torche Ensanglante une épaisse nuit, Où l'écho fait, de porche en porche, Un grand soupir du moindre bruit.
Les stalactites à la voûte Pendent en pleurs pétrifiés Dont l'humidité, goutte à goutte, Tombe lentement à mes pieds....
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Toi qui fleuris ce que tu touches, Qui, dans les bois, aux vieilles souches Rends la vigueur, Le sourire à toutes les bouches, La vie au coeur ;
Qui changes la boue en prairies, Sèmes d'or et de pierreries Tous les haillons, Et jusqu'au seuil des...
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Va, ne nous plaignons pas de nos heures d'angoisse. Un trop facile amour n'est pas sans repentir ; Le bonheur se flétrit, comme une fleur se froisse Dès qu'on veut l'incliner vers soi pour la sentir.
Regarde autour de nous ceux qui pleuraient naguère Les voilà l'un...
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Je me dis bien souvent : de quelle race es-tu ? Ton coeur ne trouve rien qui l'enchaîne ou ravisse, Ta pensée et tes sens, rien qui les assouvisse : Il semble qu'un bonheur infini te soit dû.
Pourtant, quel paradis as-tu jamais perdu ? A quelle auguste cause as-tu...
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Elle est si douce, la pensée, Qu'il faut, pour en sentir l'attrait, D'une vision commencée S'éveiller tout à coup distrait.
Le coeur dépouillé la réclame ; Il ne la fait point revenir, Et cependant elle est dans l'âme, Et l'on mourrait pour la finir...
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Une eau croupie est un miroir Plus fidèle encor qu'une eau pure, Et l'image la transfigure, Prêtant ses couleurs au fond noir.
Aurore, colombe et nuée y réfléchissent leur candeur, Et du firmament la grandeur N'y semble pas diminuée.
A fleur de...
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Le long des quais les grands vaisseaux, Que la houle incline en silence, Ne prennent pas garde aux berceaux Que la main des femmes balance.
Mais viendra le jour des adieux ; Car il faut que les femmes pleurent Et que les hommes curieux Tentent les...
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Ah ! chante encore, chante, chante ! Mon âme a soif des bleus éthers. Que cette caresse arrachante En rompe les terrestres fers !
Que cette promesse infinie, Que cet appel délicieux Dans les longs flots de l'harmonie L'enveloppe et l'emporte aux...
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L'habitude est une étrangère Qui supplante en nous la raison : C'est une ancienne ménagère Qui s'installe dans la maison.
Elle est discrète, humble, fidèle, Familière avec tous les coins ; On ne s'occupe jamais d'elle, Car elle a d'invisibles soins...
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À vingt ans on a l'oeil difficile et très fier : On ne regarde pas la première venue, Mais la plus belle ! Et, plein d'une extase ingénue, On prend pour de l'amour le désir né d'hier.
Plus tard, quand on a fait l'apprentissage amer, Le prestige insolent des grands...
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