Du triste coeur vouldrois la flamme estaindre,
De l'estomac les flesches arracher,
Et de mon col le lien destacher,
Qui tant m'ont peu brusler, poindre et estraindre ;

Puis l'ung de glace et l'aultre de roc ceindre,
Le tiers de fer apris à bien trencher,
...

Le crépuscule est triste et doux comme un adieu.
A l'orient déjà, dans le ciel sombre et bleu
Où lentement la nuit qui monte étend ses voiles,
De timides clartés, vagues espoirs d'étoiles,
Contemplent l'occident clair encore, y cherchant
Le rose souvenir d'un beau soleil...

Pourquoi triste, ô mon âme
Triste jusqu'à la mort,
Quand l'effort te réclame,
Quand le suprême effort
Est là qui te réclame ?

Ah, tes mains que tu tords
Au lieu d'être à la tâche,
Tes lèvres que tu mords
Et leur silence lâche,
Et tes yeux qui...

Ô triste, triste était mon âme
A cause, à cause d'une femme.

Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé,

Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.

Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon coeur s'en...

Triste penser, en prison trop obscure,
L'honneur, le soin, le devoir et la cure
Que je soutiens des malheureux soudards,
Devant mes yeux desquels j'ai la figure,
Qui par raison et aussi par nature
Devaient mourir entre piques et dards,
Plutôt que voir fuir...

Ô triste départir,
De moi tant regretté !
Deuil ne sera ôté,
Qui mon coeur fait partir :

J'entends jusques au revoir,
Si de moi tant désiré,
Car quelque part que serai,
Toujours ferai mon devoir.

Sort inique et cruel ! le triste laboureur
Qui s'est arné* le dos à suivre sa charrue,
Qui sans regret semant la semence menue
Prodigua de son temps l'inutile sueur,

Car un hiver trop long étouffa son labeur,
Lui dérobant le ciel par l'épais d'une nue,...

N'est-ce pas triste que nos yeux se ferment ?
On voudrait avoir les yeux toujours ouverts,
pour avoir vu, avant le terme,
tout ce que l'on perd.

N'est-il pas terrible que nos dents brillent ?
Il nous aurait fallu un charme plus discret
pour vivre en famille...

Triste plaisir et douloureuse joye,
Aspre doulceur, desconfort ennuieux,
Ris en plorant, souvenir oublieux
M'acompaignent, combien que seul je soye.

Embuchié sont, affin qu'on ne les voye
Dedans mon cueur, en l'ombre de mes yeux.
Triste plaisir et...

Mon âme, tout ce long et triste après-midi,
A souffert de la mort d'un bouquet, imminente !
Il était, loin de moi, dans la chambre attenante
Où ma peur l'éloigna, déjà presque engourdi,

Bouquet dépérissant de fleurs qu'on croyait sauves
Encor pour tout un jour dans...