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    I

    Offrons tout ce qu'on doit d'encens, d'honneurs suprêmes
    Aux dieux, à la beauté plus divine qu'eux-mêmes.
    Puisse aux vallons d'Hémus, ou les rocs et les bois
    Admirèrent d'Orphée et suivirent la voix,
    L'Hèbre ne m'avoir pas en vain donné naissance !
    Les Muses avec moi vont connaître Byzance.
    Et si le ciel se prête à mes efforts heureux,...

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    I

    Qui ? moi ? moi de Phoebus te dicter les leçons ?
    Moi, dans l'ombre ignoré, moi, que ses nourrissons
    Pour émule aujourd'hui désavoueraient peut-être.
    Dans ce bel art des vers je n'ai point eu de maître ;
    Il n'en est point, ami. Les poëtes vantés,
    Sans cesse avec transport lus, relus, médités ;
    Les dieux, l'homme, le ciel, la nature sacrée...

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    Amis, couple chéri, cœurs formés pour le mien,
    Je suis libre. Camille à mes yeux n'est plus rien.
    L'éclat de ses yeux noirs n'éblouit plus ma vue ;
    Mais cette liberté sera bientôt perdue.
    Je me connais. Toujours je suis libre et je sers ;
    Être libre pour moi n'est que changer de fers.
    Autant que l'univers a de beautés brillantes,
    Autant il a d'...

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    « Dieu dont l’arc est d’argent, dieu de Claros, écoute ;
    O Sminthée-Apollon, je périrai sans doute,
    Si tu ne sers de guide à cet aveugle errant. »
    C’est ainsi qu’achevait l’aveugle en soupirant,
    Et près des bois marchait, faible, et sur une pierre
    S’asseyait. Trois pasteurs, enfants de cette terre,
    Le suivaient, accourus aux abois turbulents
    ...

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    Blanche et douce colombe, aimable prisonnière,
    Quel injuste ennemi te cache à la lumière?
    Je t'ai vue aujourd'hui (que le ciel était beau !)
    Te promener long-temps sur le bord du ruisseau ;
    Au hasard, en tous lieux, languissante, muette,
    Tournant tes doux regards et tes pas et ta tête.
    Caché dans le feuillage, et n'osant l'agiter,
    D'un rameau...

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    Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphire
           Anime la fin d’un beau jour,
    Au pied de l’échafaud j’essaye encor ma lyre.
           Peut-être est-ce bientôt mon tour ;
    Peut-être avant que l’heure en cercle promenée
           Ait posé sur l’émail brillant,
    Dans les soixante pas où sa route est bornée,
           Son pied sonore et vigilant,...

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    Des belles voluptés la voix enchanteresse
    N'aurait point entraîné mon oisive jeunesse.
    Je n'aurais point en vers de délices trempés,
    Et de l'art des plaisirs mollement occupés,
    Plein des douces fureurs d'un délire profane,
    Livré nue aux regards ma muse courtisane.
    J'aurais, jeune Romain, au sénat, aux combats,
    Usé pour la patrie et ma voix et...

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    « Tout est-il prêt ? partons. Oui, le mât est dressé ;
    Adieu donc. » Sur les bancs le rameur est placé ;
    La voile, ouverte aux vents, s'enfle et s'agite et flotte ;
    Déjà le gouvernail tourne aux mains du pilote.
    Insensé! vainement le serrant dans leurs bras,
    Femme, enfants, tout se jette au-devant de ses pas ;
    Il monte, on lève l'ancre. Élevé sur la...

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    Telle éclate Vénus au milieu des trois soeurs.
    Mais son sort n’était pas de n’aimer que les fleurs
    Et de garder toujours sa pudique ceinture.
    Le roi des Dieux l’a vue. Une active blessure
    Le dévore, dompté sous l’arc insidieux
    Du Dieu qui peut dompter même le roi des Dieux.
    Mais, voulant la séduire, et de sa fière épouse
    Éviter, cependant, la...

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    I

    Non, non, le dieu d’amour n’est point l’effroi des Muses ;
    Elles cherchent ses pas, elles aiment ses ruses.
    Le cœur qui n’aime rien a beau les implorer,
    Leur troupe qui s’enfuit ne veut pas l’inspirer.
    Qu’un amant les invoque, et sa voix les attire ;
    C’est ainsi que toujours elles montent ma lyre.
    Si je chante les dieux ou les héros, soudain...