Emportés par le vent, de grands nuages sombres
Sur la cime des bois traînent sans bruit leurs ombres.
Le ciel est dépouillé de sa robe d’azur.
Le fleuve, en gémissant, roule un flot plus obscur.
C’est novembre qui vient. Une blanche gelée
Sous ses baisers de glace a flétri la vallée,
Et, d’un ruban d’argent étoilé de cristaux,
Elle a partout...
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Quel rire entendons-nous au fond du noir abîme ?
Satan aurait-il donc inventé quelque crime ?
Un juste est-il tombé ? L’impitoyable mort
A-t-elle d’un pécheur fixé le triste sort ?Sur un trône élevé qu’entourent ses ministres,
Démons aux yeux de flamme, aux sourires sinistres,
Lucifer tient conseil. Contre le roi du ciel
Il décoche, jaloux,... -
Cieux, déroulez sur notre tête
Vos voiles de pourpre et d’azur.
Montez, arômes du foin mûr.
Que la terre, en ce jour, revête
Et sa richesse et sa beauté !
Qu’en murmurant la source coule
Dans l’herbe du pré velouté !
Que l’oiseau voltige et roucoule !
Que tout s’unisse à ces concerts
D’un peuple qui demande place
Parmi les... -
Hier, Québec priait.
Monte, prière sainte,
L’onde chante, le cor sonne, la cloche tinte,
Le rameau se balance ainsi qu’un encensoir.
Prière, monte encor comme un parfum du soir.
Fais descendre la paix sur la terre qui prie,
Et reviens en rosée à la terre flétrie.Québec se souvenait....
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Pendant que, dans les cieux, les justes et les anges
Du Seigneur trois fois saint redisent les louanges ;
Pendant que, sur la terre, un esprit infernal
S’efforce d’assurer le triomphe du mal,
L’Ange du Canada, qu’un zèle immense embrase,
Traverse l’empyrée. Ardent, rapide, il rase
Mille astres lumineux dans l’espace semés,
Comme, le long des... -
IPlus haut que nos sanglots montaient leurs chants de fête.
Las de souffrir, le peuple enfin leva la tête ;
Il regarda le ciel dans un suprême espoir,
Et jaloux de son droit, dans la peur de déchoir,
Il tira du fourreau les éclairs de son glaive.Le peuple le plus doux se réveille, et se lève
Comme un vent de tempête, après qu’il a souffert... -
Le jour naît et s’enfuit, et toujours les navires
Ouvrent, sur les flots bleus, leurs voiles aux zéphyrs.
Après avoir laissé des rivages divers,
Ils longent dans leur course une île aux bords déserts,
Un immense rocher qui dresse sur les ondes
Son dos âpre et sinistre, où des oiseaux immondes
Viennent seuls, le printemps, jetant de tristes cris,... -
Pendant toute la nuit les guerriers, inquiets,
Auprès de leurs grands feux, sous les sombres forêts,
Déplorèrent des chefs l’absence prolongée.
Leur âme dans l’angoisse était encor plongée
Quand le soleil monta radieux au levant,
Et que d’étranges bruits passèrent dans le vent.Ils courent au rivage en hurlant de colère.
Deux navires berçaient... -
La nuit ouvrait son aile à l’orient vermeil ;
Au fond de l’occident s’éteignait le soleil.
Ainsi lorsqu’en nos cœurs s’éveille la souffrance,
On voit souvent hélas ! s’éteindre l’espérance.
Après avoir marché dans l’île tout le jour,
Sur le bord de la mer les marins, de retour,
Entassaient des rameaux pour les livrer aux flammes.
Quand la nuit... -
Cependant, sur les bords, la chaloupe amarrée
Se cabrait au retour de la haute marée.
La brise fraîchissait. Le grand fleuve, gonflé,
Se berçant comme au vent se berce un champ de blé,
Paraissait de nouveau remonter vers sa source.
Il fallut s’embarquer. Les vaisseaux, dans leur course,
Rasèrent bien longtemps, avec rapidité,
Un rivage dont...