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        Je voile avec dédain le trésor qui me reste…
        Mon orgueil de poète est en moi comme un mal
        Tenace, suraigu, dominant, animal…
        Car l’orgueil du poète est terrible et funeste…

        Quand la foule amassait la farine et le mil,
        Mon orgueil m’enjoignit de m’astreindre et me taire,
        Inexorable autant que le lointain tonnerre...

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        Les murs de ce palais sont d’ébène et d’ivoire
        Et les plafonds gemmés d’astres comme les cieux.
        Les esclaves y vont à pas silencieux
        Avec leurs pas très doux et leur face très noire.

        Et les cyprès aigus s’y dorent au couchant…
        On n’entend jamais plus la fuite d’or du sable
        Dans le lent sablier… car l’instant adorable...

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        Il porte obscurément la pourpre du poète,
        Ce passant qu’on rencontre au détour du chemin,
        Vers lequel nul ne tend sa secourable main
        Et qui lève vers l’aube un front large d’ascète.

        Mais sous le grand manteau percé de mille trous,
        Si vieux qu’il est pareil aux innombrables toiles
        Que l’araignée a su tramer sous les...