Deux hommes sont en lui, deux hommes bien distincts,
L’homme des préjugés & celui des instincts :
L’un fantasque, inquiet, irritable, sceptique,
Volontaire, dur même & quelquefois cynique ;
L’autre tout dévoûment & générosité,
Patience, douceur,...

 
Quand tu constates les ravages
Du mal qu’autrefois tu m’as fait,
Devant cette mer sans rivages,
Tu sembles rester stupéfait.

Et de tes paupières baissées,
Sur moi tombe un regard sans prix,
Ainsi se croisent nos pensées :
Tu soupires, moi je...

Quel glas de désespoir résonne à mon oreille ?
Je souffre ; mon front brûle & mon corps est transi.
N’aura-t-il point pitié de mes trois ans de veille,
D’angoisse & de souci ?

...

Laine blanche, crochet, roulés entre mes doigts,
Combien vous ai-je dit de secrets autrefois ?
Combien avez-vous vu de doux rêves éclore ?
Vous en souvenez-vous ?… Hélas ! j’en tremble encore.

Quand mon cœur palpitait d’espérance & d’orgueil,
Nous épiions un...

Allons les champs, allons les rues,
Improvisez les bataillons !

Il est un arbre fier, droit, austère & robuste,
Que n’aime pas l’oiseau, ni la fleur, ni l’arbuste,
Ni la vigne flexible aux rameaux caressants.
Floréal le dédaigne & brumaire l’oublie ;
Et jamais on ne voit que la tempête plie
Sa tête échevelée ou ses bras...

Chancelants & courbés sous le poids des années,
Par l’ouragan d’hiver plantes déracinées,
Ils sont vieux tous les deux. L’un près de l’autre assis
Ils écoutent au loin des chansons & des rondes,
Et regardent sauter des fraîches têtes blondes
Sur les grands...

Hélas ! hier encor sur mon front, sur ma lèvre,
Sont venus se poser la joie & le plaisir,
J’ai ri comme une folle… aujourd’hui j’ai la fièvre,
Car ma porte est fermée & j’en ai le loisir.

Ô pauvre humanité ! J’ai pitié de moi-même
Quand mon masque s’en va...

Vous qui me plaignez, ne me plaignez plus,
Vous qui m’enviez, n’ayez pas d’envie,
Mon destin est tel que je le voulus,
Et Dieu fit sans moi mon cœur & ma vie.

J’ai su découvrir la sérénité
Dans le triste fond des plus tristes choses,
Et me rapprocher de...

Il me semble parfois que ma plaie est guérie :
Et, souriant encor, je regarde au miroir
Revenir doucement mon enfance fleurie.

Je ne sais pas comment, mais je crois la revoir
Ce qu’elle était hier, toute rose & paisible,
Avec son ignorance, avec son fol espoir...