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    NOUS nous étions fâchés. Pourquoi ? Je ne sais pas. ―
    Les amoureux toujours se firent des querelles. ―
    Et j’oubliai le bruit chuchotant de ses pas
           Dans la soie et dans les dentelles.

    Je sentis en mon cœur comme un rêve expirant.
    Je ne songeai plus même aux yeux de mon amie,
    Le souvenir passa du pur baiser s’offrant
           J’avais...

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    TOUS mes vers sont écrits pour vous.
    Vous vivez aux pages du livre
    Où songent les plus beaux yeux doux,
    Où chante la voix qui m’enivre.

    Vos gestes, sur le papier blanc,
    Je m’en suis fait le plagiaire ;
    J’ai copié servilement
    Tous vos souvenirs, ma très chère.

    Entre les strophes,...

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    LA poussière de l’heure et la cendre du jour
    En un brouillard léger flottent au crépuscule.
    Un lambeau de soleil au lointain du ciel brûle,
    Et l’on voit s’effacer les clochers d’alentour.

    La poussière du jour et la cendre de l’heure
    Montent, comme au-dessus d’un invisible feu,
    Et dans le clair de lune adorablement bleu
    Planent au gré du vent...

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    LA première qu’on aime est toujours la plus belle.
    On la cherche des yeux comme du souvenir.
    Elle ne peut cesser de nous appartenir
    Par ce qu’il reste en nous de jouissance d’elle.

    Notre cœur inconstant lui demeure fidèle.
    C’est elle qu’en nos bras nous rêvons de tenir
    En toute femme aimée, et qu’on voit revenir
    Dans un sourire, un geste, un...

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    NOUS irons au soleil respirer le printemps
    Qui descend du ciel pur en rayons éclatants.
    L’air est déjà chargé de tiédeur vaporeuse,
    Flottante et douce comme une fumée heureuse.
    Tout le long des sentiers où la neige a fondu
    Et par petits ruisseaux d’argent clair descendu,
    Sous le rayonnement royal du jour superbe,
    Nous chercherons, joyeux et...

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    QUELQUES feuilles au bout des branches sont jaunies,
    Les arbres ont encor de frêles harmonies
    Et, bercés par le vent qu’attiédit le soleil,
    Ils rêvent d’un automne au lourd été pareil
    Mais voici que Septembre, au détour de l’année,
    Vient dans la pourpre et l’or fixer leur destinée.
    Leur songe bienheureux ne l’entend pas venir
    Ils continuent,...

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    QUE m’apportez-vous, ô petite Fée
    Aux yeux d’ombre claire et de gui coiffée,
             Par ce triste soir ?
    Dans le geste doux qui vers moi se penche,
    Que sortira-t-il de votre main blanche ?
             ― L’espoir.

    Que m’apportez-vous, ô petite Fée ?
    Vous savez mon âme ardente assoiffée
             Tout le long du jour…
    Pour calmer...

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    J’AI dispersé mon cœur au gré des heures folles,
    Comme un millionnaire éparpille son or ;
    Ici, là, sans compter, j’ai semé mon trésor
    Avec des gestes vrais et de tendres paroles.

    Tout s’est anéanti pour de vaines Idoles ;
    J’ai trop donné de moi pour qu’il en reste encor.
    Que de beaux sentiments dont je me sentais fort
    Gisent à leurs pieds...

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    QUAND la fenêtre est close et que tout bruit s’éteint,
    Ecoute de ton cœur monter la voix suprême ;
    Ta musique est en lui, c’est là qu’est ton poème,
    Comme les fleurs et les oiseaux sont au jardin.

    Écoute. Pour saisir l’écho de ton destin,
    Attentif, penche-toi longuement sur toi-même ;
    Le cœur que Dieu t’...

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    LA pureté fragile est le don le plus beau.
    Le regard des petits en répand la lumière.
    Oh ! comme l’homme est triste et se sent l’âme amère
    D’avoir un jour soufflé l’intérieur flambeau !

    Pas plus qu’un astre éteint, il ne luit de nouveau ;
    Une première fois, il meurt : c’est la dernière !
    Pleurez la flamme morte à jamais, tout entière !
    ...