Souvent, pendant les soirs d’absence et d’abandon,
J’ai contemplé la Lune au visage si bon ;
On eût dit dans le ciel une aïeule indulgente
Inclinant son beau front que la vieillesse argente,
Qui, dans la mort du jour et dans la mort du bruit,
En silence...

 
Inoubliable est la demeure
Qui vit fleurir nos premiers jours !
Maison des mères ! C’est toujours
La plus aimée et la meilleure.

Ici c’est le papier fleuri
Dont, les jours de fièvre moroses,
Nous comptions les guirlandes roses
D’un long regard...

 
Oh ! les anciens matins de bonheur infini,
De joie inexplicable ! Oh ! les matins tout roses
Où l’on ouvrait son âme à des bonheurs sans causes
Comme à des oiseaux fous qui se trompent de nid.

Oh ! les matins pieux dans le mois de Marie !
On imaginait voir...

 
Chacun voit arriver des jours de deuil profond
Où sa jeunesse blanche est à jamais finie
Et chuchote en pleurant des adieux d’agonie,
Avec le geste doux des aimés qui s’en vont.

Des fermoirs d’éternel silence ont clos sa bouche,
Mais tandis qu’on la mise en...

 
À Madame William Pitt-Byrne.

Sa mère l’aimait tant, ce petit rieur rose !
C’était son premier-né, première fleur éclose
Sur l’arbuste pliant de leurs jeunes amours.
Elle en rêvait les nuits et le soignait les jours,
Joyeuse à...

 
À ses yeux purs, je veux n’offrir
Que des choses douces et blanches ;
Résumant ce qui peut fleurir
De fleurs pascales sur les branches.

Je rêve tout ce qu’il y a
De plus délicat autour d’elle,
Des blancheurs de magnolia
Et des hymens de...

 
L’enfant-poète, au seuil de ses jours, entendit
Une voix frémissante et sombre qui lui dit :

« Tu souffriras ! Ta mère en larmes va maudire
La nuit où son amour a conçu son martyre,
Quand elle te verra, déjà pâle et rêveur,
Mordre en pleurant son sein comme...

 
Sur le canal, parmi des herbes otieuses,
Un nénuphar vit en exil, comme étranger,
Mais si plein, dirait-on, de choses précieuses
Qu’il se tient coi sur l’eau trouble et n’ose bouger.
Ah ! cet air blanc de Première Communiante,
Cet air de guimpe close aux...

 

On a des jours faits d’ombre et de mélancolie
      Et d’inexprimable dégoût,
Où le cœur se repaît du passé qu’on oublie
Comme d’un fruit perdu dont on garde le goût.

Un sang vif et fiévreux vous bat contre les tempes :
      Comme une mer sur des galets...

 
Devant votre maison close dans du silence
Combien je suis allé souvent, par les beaux soirs,
Avec les gestes fous d’un amant qui balance
Ses songes dans le vent comme des encensoirs.

Je n’avais nul espoirs de vous voir apparaître ;
Dans vos rideaux à fleurs...