• Dures grenades entr’ouvertes
    Cédant à l’excès de vos grains,
    Je crois voir des fronts souverains
    Éclatés de leurs découvertes !

    Si les soleils par vous subis,
    Ô grenades entre-bâillées
    Vous ont fait d’orgueil travaillées
    Craquer les cloisons de rubis,

    Et que si l’or sec de l’écorce
    À la demande d’une force
    Crève...

  • Azur ! c’est moi… Je viens des grottes de la mort
    Entendre l’onde se rompre aux degrés sonores,
    Et je revois les galères dans les aurores
    Ressusciter de l’ombre au fil des rames d’or.

    Mes solitaires mains appellent les monarques
    Dont la barbe de sel amusait mes doigts purs ;
    Je pleurais. Ils chantaient leurs triomphes obscurs
    Et les...

  • Ô courbes, méandre,
    Secrets du menteur,
    Est-il art plus tendre
    Que cette lenteur ?

    Je sais où je vais,
    Je t’y veux conduire,
    Mon dessein mauvais
    N’est pas de te nuire...

    Quoique souriante
    En pleine fierté,
    Tant de liberté
    Te désoriente ?

    Ô Courbes, méandres,
    Secrets du menteur,
    Je veux...

  • Une esclave aux longs yeux chargés de molles chaînes
    Change l’eau de mes fleurs, plonge aux glaces prochaines,
    Au lit mystérieux prodigue ses doigts purs ;
    Elle met une femme au milieu de ces murs
    Qui, dans ma rêverie errant avec décence,
    Passe entre mes regards sans briser leur absence,
    Comme passe le verre au travers du soleil,
    Et...

  • La lune mince verse une lueur sacrée,
    Comme une jupe d’un tissu d’argent léger,
    Sur les masses de marbre où marche et croit songer
    Quelque vierge de perle et de gaze nacrée.

    Pour les cygnes soyeux qui frôlent les roseaux
    De carènes de plume à demi lumineuse,
    Sa main cueille et dispense une rose neigeuse
    Dont les pétales font des...

  • De sa profonde mère, encor froide et fumante,
    Voici qu’au seuil battu de tempêtes, la chair
    Amèrement vomie au soleil par la mer,
    Se délivre des diamants de la tourmente.

    Son sourire se forme, et suit sur ses bras blancs
    Qu’éplore l’orient d’une épaule meurtrie,
    De l’humide Thétis la pure pierrerie,
    Et sa tresse se fraye un frisson...

  • Ô frères ! tristes lys, je languis de beauté
    Pour m’ètre désiré dans votre nudité,
    Et vers vous, Nymphe, Nymphe, ô Nymphe des fontaines,
    Je viens au pur silence offrir mes lames vaines.

    Un grand calme m’écoute, où j’écoute l’espoir.
    La voix des sources change et me parle du soir ;
    J’entends l’herbe d’argent grandir dans l’ombre sainte,...

  • CHUTE superbe, fin si douce,
    Oubli des luttes, quel délice
    Que d’étendre à même la mousse
    Après la danse, le corps lisse !

    Jamais une telle lueur
    Que ces étincelles d’été
    Sur un front semé de sueur
    N’avait la victoire fêté !

    Mais touché par le Crépuscule,
    Ce grand corps qui fit tant de choses,
    Qui dansait, qui...

  • ... Je compose en esprit, sous les myrtes, Orphée
    L’Admirable !... le feu, des cirques purs descend ;
    Il change le mont chauve en auguste trophée
    D’où s’exhale d’un dieu l’acte retentissant.

    Si le dieu chante, il rompt le site tout-puissant ;
    Le soleil voit l’horreur du mouvement des pierres ;
    Une plainte inouïe appelle éblouissants...

  • De sa grâce redoutable
    Voilant à peine l’éclat,
    Un ange met sur ma table
    Le pain tendre, le lait plat ;
    Il me fait de la paupière
    Le signe d’une prière
    Qui parle à ma vision :
    — Calme, calme, reste calme !
    Connais le poids d’une palme
    Portant sa profusion !

    Pour autant qu’elle se plie
    À l’abondance des biens...