Vous ne reverrez plus les monts, les bois, la terre,
Beaux yeux de mes soldats qui n’aviez que vingt ans
Et qui êtes tombés, en ce dernier printemps,
Où plus que jamais douce apparut la lumière.

On n’osait plus songer au réveil des champs d’or
Que l’aube revêtait...

Soldats morts à la guerre,
Qui remplissez le sol mortuaire, là-bas,
Avec le spectacle encor rouge des combats
...

Les baisers morts des défuntes années
Ont mis leur sceau sur ton visage,
Et, sous le vent morne et rugueux de l'âge,
Bien des roses, parmi tes traits, se sont fanées.

Je ne vois plus ta bouche et tes grands yeux
Luire comme un matin de fête,
Ni, lentement...

En ces heures de soir où sous la brume épaisse
Le ciel voilé s'efface et lentement s'endort,
Je marche recueilli, mais sans vaine tristesse,
Sur la terre pleine de morts.

Je fais sonner mon pas pour qu'encore ils l'entendent
Et qu'ils songent, en leur sommeil...