J’ai peur d’avril, peur de l’émoi
Qu’éveille sa douceur touchante ;
Vous qu’elle a troublés comme moi,
C’est pour vous seuls que je la chante.

En décembre, quand l’air est froid,
Le temps brumeux, le jour livide,
Le cœur, moins tendre et plus étroit,...

 
La blanche Vérité dort au fond d’un grand puits.
Plus d’un fuit cet abîme ou n’y prend jamais garde ;
Moi, par un sombre amour, tout seul je m’y hasarde,
J’y descends à travers la plus noire des nuits.

Et j’entraîne le câble aussi loin que je puis.
Or, je l...

 
Quand on est sous l’enchantement
D’une faveur d’amour nouvelle,
On s’en défendrait vainement,
Tout le révèle :

Comme fuit l’or entre les doigts,
Le trop-plein de bonheur qu’on sème,
Par le regard, le pas, la voix,
Crie : elle m’aime !

...

 
Augias, roi d’Élis, avait trois mille bœufs.
Plein d’aise en les voyant, il chérissait en eux
Le bien qu’avaient accru ses longs jours économes.
Mais le Destin jaloux en veut au bien des hommes :
Les murs où s’abritait le mugissant bétail,
Désertés, n’...

 
Voyager seul est triste, et j’ai passé la nuit
           Dans une étrange hôtellerie.
À la plus vieille chambre un enfant m’a conduit,
           De galerie en galerie.

Je me suis étendu sur un grand lit carré
           Flanqué de lions héraldiques ;...

 
C’est en deuil surtout que je l’aime :
Le noir sied à son front poli,
Et par ce front le chagrin même
           Est embelli.

Comme l’...

 
Je partais pour un long voyage.
En wagon, tapi dans mon coin,
J’écoutais fuir l’aigu sillage
Du sifflet dans la nuit, au loin ;

Je goûtais la vague indolence,
L’état obscur et somnolent,
Où fait tomber sans qu’on y pense
Le train qui bourdonne...

 
Vous n’avez pas sondé tout l’Océan de l’âme,
O vous qui prétendez en dénombrer les flots !
Qui de vous de tout cœur a pu sentir la flamme
Et de toute poitrine écouter les sanglots ?
Qui de vous a tâté tous les coins de l’abîme
Pour dire : « C’en est fait, l’...

 
Madame, vous étiez petite,
       J’avais douze ans ;
Vous oubliez vos courtisans
       Bien vite !

Je ne voyais que vous au jeu
       Parmi les autres ;
Mes doigts frôlaient parfois les vôtres
       Un peu…

Comme à la première visite...

 
Faites-vous de ces vers un intime entretien,
Pardonnez-moi tous ceux où, pour la renommée,
J’ai pu chanter l’amour sans vous avoir nommée,
Où j’ai mis plus du cœur des autres que du mien.

Mais à d’autres que vous ceux-ci ne diraient rien :
La tendresse n’...