•                        LETTRE

    Éloigné de vos yeux, Madame, par des soins
    Impérieux (j’en prends tous les dieux à témoins),
    Je languis et je meurs, comme c’est ma coutume
    En pareil cas, et vais, le cœur plein d’amertume,
    À travers des soucis où votre ombre me suit,
    Le jour dans mes pensers, dans mes rêves la nuit,
    Et, la nuit et le jour,...

  • Quand même tu dirais
    Que tu me trahirais
    Si c’était ton caprice,
    Qu’est-ce que me ferait
    Ce terrible secret
    Si c’était mon caprice !

    De quand même t’aimer,
    — Dusses-tu le blâmer,
    Ou plaindre mon caprice,
    D’être si bien à toi
    Qu’il ne m’est dieu ni roi
    Ni rien que ton caprice ?

    Quand tu me trahirais
    Eh bien donc, j...

  • Parmi l’obscur champ de bataille
    Rôdant sans bruit sous le ciel noir
    Les loups obliques font ripaille
    Et c’est plaisir que de les voir,

    Agiles, les yeux verts, aux pattes
    Souples sur les cadavres mous,
    — Gueules vastes et têtes plates —
    Joyeux, hérisser leurs poils roux.

    Un rauquement rien moins que tendre
    Accompagne les dents mâchant...

  • Tu m’as, ces pâles jours d’automne blanc, fait mal
    À cause de tes yeux où fleurit l’animal,
    Et tu me rongerais, en princesse Souris,
    Du bout fin de la quenotte de ton souris,
    Fille auguste qui fis flamboyer ma douleur
    Avec l’huile rancie encor de ton vieux pleur !
    Oui, folle, je mourrais de ton regard damné.
    Mais va (veux-tu ?) l’étang là dort...

  • Mais après les merveilles
    Qui n’ont pas de pareilles
    De l’épaule et du sein,
    Faut sur un autre mode
    Dresser une belle ode
    Au glorieux bassin.

    Faut célébrer la blanche
    Souplesse de la hanche
    Et sa mate largeur,
    Dire le ventre opime
    Et sa courbe sublime
    Vers le sexe mangeur

    Que chastement, encore
    Que joliment, décore...

  • Quand Marco passait, tous les jeunes hommes
    Se penchaient pour voir ses yeux, des Sodomes
    Où les feux d’Amour brûlaient sans pitié
    Ta pauvre cahute, ô froide Amitié ;
    Tout autour dansaient des parfums mystiques
    Où l’âme, en pleurant, s’anéantissait.
    Sur ses cheveux roux un charme glissait ;
    Sa robe rendait d’étranges musiques
    ...

  • Sur mon front, mille fois solitaire,
    Puisque je dois dormir loin de toi,
    La lune déjà maligne en soi,
    Ce soir jette un regard délétère.

    Il dit ce regard — pût-il se taire !
    Mais il ne prétend pas rester coi, —
    Qu’il n’est pas sans toi de paix pour moi ;
    Je le sais bien, pourquoi ce mystère,

    Pourquoi ce regard, oui, lui, pourquoi ?
    Qu’ont...

  • Même quand tu ne bandes pas,
    Ta queue encor fait mes délices
    Qui pend, blanc d’or entre tes cuisses,
    Sur tes roustons, sombres appas.

    — Couilles de mon amant, sœurs fières
    À la riche peau de chagrin
    D’un brun et rose et purpurin,
    Couilles farceuses et guerrières,

    Et dont la gauche balle un peu,
    Tout petit peu plus que l’autre
    D’un...

  • Mes amants n’appartiennent pas aux classes riches :
    Ce sont des ouvriers faubouriens ou ruraux,
    Leur quinze et leurs vingt ans sans apprêts sont mal chiches
    De force assez brutale et de procédés gros.

    Je les goûte en habits de travail, cotte et veste ;
    Ils ne sentent pas l’ambre et fleurent de santé
    Pure et simple ; leur marche un peu lourde, va preste...

  • Et je t’attends en ce café,
    Comme je le fis en tant d’autres,
    Comme je le ferais, en outre,
    Pour tout le bien que tu me fais.

    Tu sais, parbleu ! que cela m’est
    Égal aussi bien que possible :
    Car, mon cœur, il n’est telles cibles...
    Témoin les belles que j’aimais...

    Et ce ne m’est plus un lapin
    Que tu me poses, sale rosse,
    C’est un...