• À mon jeune ami Paul B***

    Autrefois dans Bagdad, la ville des merveilles,
    Grandissait Abdallah, fils du cheik El-Modi,
    Que les derviches et les vieilles,
    Dont ses propos moqueurs échauffaient les oreilles,
    Nommaient dans leur colère Abdallah le...

  • Quand les muses, pleurant la gloire de la France,
    Avec des souvenirs lui rendent l’espérance,
    Poëte et citoyen, de quel œil peux-tu voir
    Une ligue hypocrite alarmer le pouvoir,
    Et, frappant au guichet de Sainte-Pélagie,
    Tantôt pour la chanson, tantôt pour l’élégie,
    Avec le fer des lois poursuivre sans repos
    Un art dont la lumière a trahi ses complots...

  • Est-il vrai ? La Fayette, après ce long voyage,
    Sans cesse ralenti par un nouvel hommage,
    Convié par l’amour à nos banquets obscurs,
    Fait passer aujourd’hui son triomphe en nos murs !
    Des fleurs que l’on jetait naguère à la puissance,
    Citoyens, couronnez la gloire qui s’avance.
    Le siècle des héros a commencé par lui,
    Et, le dernier de tous, il le...

  • « Que je suis bien sous mon ciel de cristal !
    À me nourrir la terre est épuisée ;
    À moi chaleur et lumière et rosée :
    Certes, je suis un noble végétal ! »
    Ainsi parlait maint cornichon sous verre :
    Le jardinier passe, et, d’un ton sévère,
    À ces vantards dit : « Taisez-vous, mes fils :
    Un coup de vent peut briser votre cloche ;
    Vous mûrissez, et...

  • Oh ! non, je n’irai pas, sous son toit solitaire,
    Troubler ce juste en pleurs par le bruit de mes pas ;
    Car il est, voyez-vous, de grands deuils sur la terre,
    Devant qui l’amitié doit prier et se taire :
    Oh ! non, je n’irai pas.

    Lorsque de ses douleurs le blond fils de Marie,
    Mourant, réjouissait Sion et Samarie,
    Hérode, Pilate et l’enfer ;
    Son...

  • Étrennes à madame G***

    Amour à la fermière ! elle est
    Si gentille et si douce !
    C’est l’oiseau des bois qui se plaît
    Loin du bruit dans la mousse.
    Vieux vagabond qui tends la main,
    Enfant pauvre et sans mère,
    Puissiez-vous trouver en chemin
    La ferme et la fermière !

    De...

  • Dans ces bois, où souvent une muse chérie
    S’est révélée à moi comme une autre Égérie,
    Hier, épouvanté, je vis à l’horizon,
    Où riait un hameau, fumer un noir tison,
    Et j’osai blasphémer : Oh ! si j’étais l’Archange
    Que Dieu fait voyager dans nos chemins de fange,
    Le visiteur sanglant que, pour sauver les siens,
    Il envoya heurter aux seuils égyptiens,...

  • Adieu donc les beaux jours ! Le froid noir de novembre
    Condamne le poëte à l’exil de la chambre.
    Où riaient tant de fleurs, de soleil, de gaîté,
    Rien, plus rien ; tout a fui comme un songe d’été.
    Là-bas, avec sa voix monotone et touchante,
    Le pâtre seul détonne un vieux noël ; il chante,
    Et des sons fugitifs le vent capricieux
    M’apporte la moitié ; l’...

  • Dans le pays des bossus,
    Il faut l’être
    Ou le paraître :
    Les dos plats sont mal reçus
    Au pays des bossus.

    Un jour, le vent moqueur y jette
    Un puîné de Jean de Calais ;
    Jean débarque et prend sa lorgnette :
    « Tudieu ! que ces magots sont laids ! »
    Et Jean, d’un air superbe,
    Les toise à chaque pas ;
    Car il est un proverbe
    ...

  • À Madame Douday-Dupré

    De mon riche avenir vous voilà créancière,
    Madame ; quand l’oubli me jetait en poussière,
    Sur moi, poëte obscur, l’autre jour, en passant,
    Vous laissâtes tomber un mot compatissant.
    Un mot, voilà tout… mais, quand vous fûtes...