• N'attendez pas de moi que je vais vous donner
    Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ;
    La nuit meurt, l'hiver fuit ; maintenant la lumière,
    Dans les champs, dans les bois, est partout la première.
    Je suis par le printemps vaguement attendri.
    Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ;
    Je sens devant l'enfance et devant le zéphyre
    Je ne sais...

  • Sur une barricade, au milieu des pavés
    Souillés d'un sang coupable et d'un sang pur lavés,
    Un enfant de douze ans est pris avec des hommes.
    - Es-tu de ceux-là, toi ? - L'enfant dit : Nous en sommes.
    - C'est bon, dit l'officier, on va te fusiller.
    Attends ton tour. - L'enfant voit des éclairs briller,
    Et tous ses compagnons tomber sous la muraille.
    Il dit à l'...

  • " Monseigneur le duc de Bretagne
    A, pour les combats meurtriers,
    Convoqué de Nante à Mortagne,
    Dans la plaine et sur la montagne,
    L'arrière-ban de ses guerriers.

    Ce sont des barons dont les armes
    Ornent des forts ceints d'un fossé ;
    Des preux vieillis dans les alarmes,
    Des écuyers, des hommes d'armes ;
    L'un d'entre eux est mon fiancé....

  • La pauvre fleur disait au papillon céleste :
    - Ne fuis pas !
    Vois comme nos destins sont différents. Je reste,
    Tu t'en vas !

    Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes
    Et loin d'eux,
    Et nous nous ressemblons, et l'on dit que nous sommes
    Fleurs tous deux !

    Mais, hélas ! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne.
    Sort cruel !...

  • Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes.
    Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes
    Sur la terre étendu,
    L'air était plein d'encens et les prés de verdures
    Quand il revit ces lieux où par tant de blessures
    Son coeur s'est répandu !

    L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine
    Penchaient leurs bois charmants qui...

  • L'amour, panique
    De la raison,
    Se communique
    Par le frisson.

    Laissez-moi dire,
    N'accordez rien.
    Si je soupire,
    Chantez, c'est bien.

    Si je demeure,
    Triste, à vos pieds,
    Et si je pleure,
    C'est bien, riez.

    Un homme semble
    Souvent trompeur.
    Mais si je tremble,
    Belle, ayez peur.

  • Une querelle. Pourquoi ?
    Mon Dieu, parce qu'on s'adore.
    À peine s'est-on dit Toi
    Que Vous se hâte d'éclore.

    Le coeur tire sur son noeud ;
    L'azur fuit ; l'âme est diverse.
    L'amour est un ciel, qui pleut
    Sur les amoureux à verse.

    De même, quand, sans effroi,
    Dans la forêt que juin dore,
    On va rôder, sur la foi
    Des promesses de l...

  • Ah ! c'est un rêve ! non ! nous n'y consentons point.
    Dresse-toi, la colère au coeur, l'épée au poing,
    France ! prends ton bâton, prends ta fourche, ramasse
    Les pierres du chemin, debout, levée en masse !
    France ! qu'est-ce que c'est que cette guerre-là ?
    Nous refusons Mandrin, Dieu nous doit Attila.
    Toujours, quand il lui plaît d'abattre un grand empire,...

  • Jadis je vous disais : -- Vivez, régnez, Madame !
    Le salon vous attend ! le succès vous réclame !
    Le bal éblouissant pâlit quand vous partez !
    Soyez illustre et belle ! aimez ! riez ! chantez !
    Vous avez la splendeur des astres et des roses !
    Votre regard charmant, où je lis tant de choses,
    Commente vos discours légers et gracieux.
    Ce que dit votre...

  • Comme le matin rit sur les roses en pleurs !
    Oh ! les charmants petits amoureux qu'ont les fleurs !
    Ce n'est dans les jasmins, ce n'est dans les pervenches
    Qu'un éblouissement de folles ailes blanches
    Qui vont, viennent, s'en vont, reviennent, se fermant,
    Se rouvrant, dans un vaste et doux frémissement.
    O printemps! quand on songe à toutes les missives...