• N’étant plus qu’un brouillard vermeil,
    L’horizon dans la nuit recule :
    Je voudrais, comme le soleil,
    Mourir dans l’or d’un crépuscule !

    Sentir l’universel émoi,
    Suivre au loin ma trace blanchie
    Et, d’une grande ombre, après moi,
    Laisser la terre rafraîchie ;

    Descendre seul dans mon tombeau,
    Mais léguer mon âme à la nue
    Pour y...

  • Triste de quelque amour perdu,
    Rêvant aux délices passées,
    J’étais sur la terre étendu
    Parmi les bruyères froissées.

    L’ombre, en vibrant, montait dans l’air,
    Des arbres profonds vers la nue,
    Et la lune, au bord du ciel clair,
    Découvrait son épaule nue.

    Comme s’accroissait mon émoi
    De l’émoi fraternel des choses,
    Un rossignol, tout...

  • La poudre des astres brisés
    Roule encor par les étendues :
    Mais où vont le vent des baisers
    Et l’âme des amours perdues ?

    Comme des étoiles, nos cœurs
    Sont faits de lumière immortelle ;
    Ils se brisent aux chocs vainqueurs ;
    Mais leur poussière où donc va-t-elle ?

    Nous voyons couler notre sang
    Au bord de la nue enflammée,
    Dans le...

  • Comme une vierge au front vermeil
    Dans le jardin des cieux venue,
    L’Aube, ayant vaincu le sommeil,
    Cueille les fruits d’or de la nue.

    Dans l’azur, immense verger
    Des constellations fécondes,
    Elle passe d’un pas léger,
    Laissant flotter ses tresses blondes.

    Et les étoiles, tour à tour,
    Aux plis de sa robe jetées,
    Tombent, célestes...

  • Assis au revers d’un chemin,
    L’ombre en noyait les avenues —
    Tout seuls et la main dans la main
    Je baisais ses épaules nues.

    Blanche, la lune se levait ;
    — L’ombre en redoublait son mystère —
    Au moindre souffle tout avait
    Des frissons d’amour sur la terre.

    Et je respirais ses cheveux ;
    — L’ombre en buvait l’odeur suave —
    Et lui...

  • En vain Midi sur les cieux
    Tend ses lumineuses toiles ;
    Je cherche toujours leurs yeux
    Dans les couchants pleins d’étoiles.

    A la première allumée
    Sur le bord de l’horizon
    Je donne en pleurant ton nom,
    Ma première bien-aimée !

    Le regard descend sur moi
    De celle qui t’a suivie
    Et me rend l’ancien émoi :
    Car celle-là prit ma vie...