• Seigneur, quand froide est la prairie,
    Quand dans les hameaux abattus,
    Les longs angelus se sont tus...
    Sur la nature défleurie
    Faites s'abattre des grands cieux
    Les chers corbeaux délicieux.

    Armée étrange aux cris sévères,
    Les vents froids attaquent vos nids !
    Vous, le long des fleuves jaunis,
    Sur les routes aux vieux calvaires,
    Sur les...

  • A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
    Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
    A, noir corset velu des mouches éclatantes
    Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

    Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
    Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
    I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles...

  • L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles,
    L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins ;
    La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
    Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.

  • Oisive jeunesse
    A tout asservie,
    Par délicatesse
    J'ai perdu ma vie.
    Ah ! Que le temps vienne
    Où les coeurs s'éprennent.

    Je me suis dit : laisse,
    Et qu'on ne te voie :
    Et sans la promesse
    De plus hautes joies.
    Que rien ne t'arrête,
    Auguste retraite.

    J'ai tant fait patience
    Qu'à jamais j'oublie ;
    Craintes et...

  • I

    La chambre est pleine d'ombre ; on entend vaguement
    De deux enfants le triste et doux chuchotement.
    Leur front se penche, encore alourdi par le rêve,
    Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève...
    - Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux ;
    Leur aile s'engourdit sous le ton gris des cieux ;
    Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse,
    ...

  • Noirs dans la neige et dans la brume,
    Au grand soupirail qui s'allume,
    Leurs culs en rond,

    A genoux, cinq petits, - misère ! -
    Regardent le Boulanger faire
    Le lourd pain blond.

    Ils voient le fort bras blanc qui tourne
    La pâte grise et qui l'enfourne
    Dans un trou clair.

    Ils écoutent le bon pain cuire.
    Le Boulanger au gras...

  • J'ai embrassé l'aube d'été.

    Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombres ne quittaient pas la route
    du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes
    se levèrent sans bruit.

    La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur...

  • remportée aux cris de Vive l'Empereur !


    Au milieu, l'Empereur, dans une apothéose
    Bleue et jaune, s'en va, raide, sur son dada
    Flamboyant ; très heureux, - car il voit tout en rose,
    Féroce comme Zeus et doux comme un papa ;

    En bas, les bons Pioupious qui faisaient la sieste
    Près des tambours dorés et des rouges canons,
    Se lèvent gentiment....

  • Ô lâches, la voilà ! Dégorgez dans les gares !
    Le soleil essuya de ses poumons ardents
    Les boulevards qu'un soir comblèrent les Barbares.
    Voilà la Cité sainte, assise à l'occident !

    Allez ! on préviendra les reflux d'incendie,
    Voilà les quais, voilà les boulevards, voilà
    Les maisons sur l'azur léger qui s'irradie
    Et qu'un soir la rougeur des bombes...

  • Le Juste restait droit sur ses hanches solides :
    Un rayon lui dorait l'épaule ; des sueurs
    Me prirent : " Tu veux voir rutiler les bolides ?
    Et, debout, écouter bourdonner les flueurs
    D'astres lactés, et les essaims d'astéroïdes ?

    " Par des farces de nuit ton front est épié,
    Ô juste ! Il faut gagner un toit. Dis ta prière,
    La bouche dans ton drap...