Je me demande encor — cette tête que j’ai !
Où, comme débuta, — bien sür quelque soir gai —
Cette liaison qui m’a fait ton esclave ivre.
Tu ne t’en souviens plus non plus. Rayons du livre
De Mémoire ce jour des jours, ou plutôt non,
Il ne sera pas dit, ou j’y perdrai mon nom,
Que je n’aurai pas fait au moins le nécessaire
Pour retrouver un peu de cet...
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Je ne sais pourquoi
Mon esprit amer
D’une aile inquiète et folle vole sur la mer,
Tout ce qui m’est cher,
D’une aile d’effroi
Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?Mouette à l’essor mélancolique.
Elle suit la... -
Mois de Jésus, mois rouge et or, mois de l’Amour,
Juin, pendant quel le cœur en fleur et Tàme en flamme
Se sont épanouis dans la splendeur du jour
Parmi des chants et des parfums d’épithalame,Mois du Saint-Sacrement et mois du Sacré-Cœur,
Mois splendide du Sang réel, et de la Chair vraie,
Pendant que l’herbe mûre offre à l’été vainqueur
Un champ clos... -
Ayez pitié ae nous, Seigneur !
Christ, ayez pitié de nous !Donnez-nous la victoire et l’honneur
Sur l’ennemi de nous tous... -
De la douceur, de la douceur, de la douceur !
Calme un peu ces transports fébriles, ma charmante.
Même au fort du déduit, parfois, vois-tu, l’amante
Doit avoir l’abandon paisible de la sœur.Sois langoureuse, fais ta caresse endormante,
Bien égaux tes soupirs et ton regard berceur.
Va, l’étreinte jalouse et le spasme obsesseur
Ne valent pas un long... -
D’autres, ― des innocents ou bien des lymphatiques, ―
Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux,
Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux !
D’autres s’y sentent pris ― rêveurs ― d’effrois mystiques.Ils sont heureux ! Pour moi, nerveux, et qu’un remords
Épouvantable et vague affole sans relâche,
Par les forêts je tremble à la façon d’un... -
Baiser ! rose trémière au jardin des caresses !
Vif accompagnement sur le clavier des dents
Des doux refrains qu’Amour chante en les cœurs ardents
Avec sa voix d’archange aux langueurs charmeresses !Sonore et gracieux Baiser, divin Baiser !
Volupté nonpareille, ivresse inénarrable !
Salut ! L’homme, penché sur ta coupe adorable,
S’y grise d’un... -
Les petits ifs du cimetière
Frémissent au vent hiémal,
Dans la glaciale lumière.Avec des bruits sourds qui font mal,
Les croix de bois des tombes neuves
Vibrent sur un ton anormal.Silencieux comme des fleuves,
Mais gros de pleurs comme eux de flots,
Les fils, les mères et les veuvesPar les détours du triste enclos
S’écoulent, —... -
La Vie est triomphante & l’idéal est mort !
Et voilà que, criant sa joie au vent qui passe,
Le cheval enivré du vainqueur broie & mord
Nos frères, qui du moins tombèrent avec grâce.Et nous, que la déroute a fait survivre, hélas !
Les pieds meurtris, les yeux baissés, la tête lourde,
Saignants, veules, fangeux, déshonorés & las,
Nous... -
Lorsque Jésus fut mort, & comme une auréole
S’allumait bleue au front blanc du Nazaréen,
Plus pâle qu’un cadavre & plus tremblant qu’un chien,
Le bon larron, prenant brusquement la parole :« Compagnon, que dis-tu de tout ceci ? — Moi ? Rien,
Répondit le mauvais larron, Rien, âme molle,
Rien, ô cerveau chétif qu’un tel prodige affole,
Sinon qu...