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    Voilà ce que me dit en reniflant sa prise
    Le bon vieux laboureur, guêtré de toile grise,
    Assis sur un des bras de sa charrue, ayant
    Le visage en regard du soleil rougeoyant :

    « Ces pauv’ bêt’ d’animaux n’comprenn’ pas q’la parole.
    T’nez ! j’avais deux bœufs noirs !… Pour labourer un champ ?
    C’était pas d’leur causer ; non ! leur fallait du chant...

  • Ici Pierre, François et le facteur Roland,
    En bégaiement, pouvaient s’appeler co… collègues,
    Et, c’était d’un comique ultra-désopilant
    Quand une occasion rassemblait les trois bègues.

    Un jour, notre facteur, un gaillard sec et haut,
    Entra de son pas lourd chez les gens du domaine
    Et dit, parlant très fort, mais avec quelle peine !
    « Sa… salut ! cré…...

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    Au cabaret, un jour de grand marché forain,
    Un bel ivrogne, pâle, aux longs cheveux d’artiste,
    Dans le délire ardent de son esprit chagrin,
    Ainsi parla, debout, d’une voix âpre et triste :

    « R’bouteux, louv’tier, batteur d’étangs et de rivière,
    Menuisier,
    Avec...

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    Toc toc ! — L’homme prêtant l’oreille,
    Hache en main, guettant scélérat,
    Dit : « Qu’est là ? — Moi ! » La vieille entra…
    D’un coup, il abattit la vieille.

    Depuis, hanté par les alarmes,
    Il s’enfermait dans sa maison.
    Toc toc ! — L’homme, avec un frisson,
    Demanda : « Qu’est là ? » — Les gendarmes !

    Un peu plus tard, à l’aube fine,
    ...

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    Au milieu d’un tunnel profond comme le vide,
    Où l’horreur et la nuit pendent leurs attirails,
    Une femme, tordant sa nudité livide,
    Est couchée en travers sur les terribles rails.

    La voûte et les murs froids, pleins de larmes funèbres,
    Écoutent s’étouffer de longs cris surhumains ;
    Et coupé par le vent qui court dans ces ténèbres,
    Un homme est...

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    La Justice tardant à faire la levée
    Du cadavre lardé de coups,
    Les gendarmes, là-bas, mangent sur leurs genoux,
    En attendant son arrivée.

    L’énorme assassiné que la vermine mange
    ...

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    À l’aube, à l’heure exquise où l’âme du sureau
    Baise au bord des marais la tristesse du saule,
    Jeanne, pieds et bras nus, l’aiguillon sur l’épaule,
    Conduit par le chemin sa génisse au taureau.

    Compagnonnage errant de placides femelles,
    Plantureuses Vénus de l’animalité,
    Qui, dans un nonchaloir plein de bonne santé,
    S’en vont à pas égaux comme...

  • Tombé, le vagabond qui rampe avec effort,
    S’arrête et gît, agonisant
    Dans de la boue,
    Et sur sa joue
    ...

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    C’est au fond d’un ravin fantastique et superbe
    Où maint rocher lépreux penche et dresse le front :
    Une espèce de puits gigantesquement rond
    Dont l’eau n’aurait servi qu’à faire pousser l’herbe.

    Là, le mystère ému déployant ses deux ailes
    Fantomatise l’air, les pas et les reflets :
    Il semble, à cet endroit, que des lutins follets
    Accrochent...

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    La Ventouse bâille et sourit,
    Toujours neuve et toujours masquée
    Pour notre œil fou, sage ou contrit ;
    Corolle aspireuse, et braquée
    Sur notre sang qui la fleurit.

    Elle nous tente et nous flétrit
    De son haleine âcre et musquée,
    Puis, bientôt, elle nous tarit,
    ...